par Paul Edmonds
Collectivement, elles ont accumulé suffisamment de médailles et de trophées pour remplir le port de Halifax, mais parmi les championnats qu’elles ont remportés, un se distingue pour les deux.
Lorsque le Championnat mondial féminin de l’IIHF a été disputé pour la dernière fois en Nouvelle-Écosse, en 2004, l’événement a connu un énorme succès à plusieurs égards et il a été un moment décisif pour le hockey féminin.
Jennifer Botterill et Jayna Hefford se souviennent affectueusement du tournoi pour des raisons semblables, en particulier l’environnement autour du centre-ville de Halifax et l’électricité à l’intérieur du Halifax Metro Centre (maintenant le Scotiabank Centre) pour les matchs d’Équipe Canada.
C’était bruyant, dynamique et unique au hockey féminin international.
)« Ce fut l’un de mes tournois préférés », raconte Hefford, 42 ans, sept fois championne du monde. « L’édifice était plein, bruyant et on pouvait ressentir l’énergie qui y régnait. Parfois, jouer à des championnats mondiaux n’est pas toujours comme ça. Comme athlète, c’est dans ce genre d’ambiance que vous voulez jouer. C’est encore mieux quand ils sont tous de votre côté. »
Le Mondial féminin de 2004 a été partagé avec Dartmouth, N.-É., bien qu’Équipe Canada ait joué exclusivement à Halifax.
L’événement a établi des records d’assistance, attirant plus de 94 000 spectateurs en 20 matchs. Il a fracassé le record précédent établi au tournoi de 1997 à Kitchener, Ontario, par presque 30 000, et le match pour la médaille d’or entre le Canada et les États-Unis a été joué devant une foule entassée dans le Metro Centre pouvant accueillir 10 595 personnes.
« Je me souviens que c’était une ambiance incroyable », affirme Botterill, qui a mené le tournoi avec trois buts et 11 points en cinq matchs et a été nommée Joueuse par excellence.
« Ils étaient tellement engagés dans le match. Nous étions dans le vestiaire sous les gradins et on pouvait littéralement les entendre frapper des mains et taper des pieds. C’était cinq minutes avant notre arrivée sur la glace. La foule était investie à fond. »
Dans une finale chaudement disputée, Équipe Canada a battu les Américaines 2-0. Hayley Wickenheiser et la défenseure Delaney Collins ont marqué, et la gardienne de but Kim St-Pierre a réussi un jeu blanc de 26 arrêts pour aider les Canadiennes à remporter une huitième médaille d’or consécutive.
La conquête de l’or a été particulièrement importante, car elle survenait après une défaite sans précédent.
Avant l’événement, les Canadiennes n’avaient jamais perdu un match à un championnat mondial. Elles avaient porté leur fiche parfaite à 37-0 avant un revers de 3-1 aux mains des Américaines lors de leur troisième match.
Le parcours sans défaite du Canada a duré 14 ans; il a commencé au premier Championnat mondial féminin de l’IIHF en 1990 à Ottawa et a duré jusqu’au soir du 3 avril 2004.
« Ce record était assez impressionnant », a déclaré Hefford, qui a été sélectionnée à l’équipe des étoiles du tournoi et a terminé deuxième avec une fiche de sept buts et 10 points en cinq matchs.
« Vous savez que ça va finir à un moment donné, mais c’était un réveil. Nous savions que ça n’allait pas être facile. Heureusement, ça s’est terminé dans le tournoi à la ronde et non dans le match pour la médaille d’or. »
En plus de la possibilité de se racheter après la fin de leur série de victoires, ce qui a ajouté à l’effet dramatique d’un autre match épique entre le Canada et les États-Unis a été le moment du tournoi lui-même.
Puisque les deux équipes avaient essentiellement gardé le même noyau de joueuses pour des événements internationaux consécutifs, le Mondial féminin de 2004 était la première grande rencontre entre les deux équipes depuis que les Canadiennes avaient remporté l’or contre les Américaines aux Jeux olympiques d’hiver de 2002.
Perdre était une chose, mais perdre face à sa rivale amère du Canada à domicile fut un coup dur pour les Américaines. Ajoutez à cela l’annulation du championnat mondial de 2003 en raison de l’épidémie de SRAS, et les Américaines n’avaient pas encore eu la chance de prendre leur revanche.
Donc, avec deux ans pour digérer la défaite, Hefford croit que cela a enflammé la ferveur pour le Mondial féminin de 2004 lorsque les deux équipes sont arrivées dans les Maritimes.
« Cela a créé un peu plus d’émotion qu’à la normale », dit-elle. « L’enjeu était un peu plus grand pour ce retour au jeu. »
En partageant l’événement, Halifax et Dartmouth ont fait bonne impression sur le reste du Canada et la communauté internationale du hockey. Cela était particulièrement vrai puisque seulement 14 mois plus tôt, la région avait accueilli avec beaucoup de succès le Championnat mondial junior 2003 de l’IIHF.
Malgré un délai d’exécution rapide et l’utilisation probable de la même base de bénévoles et de nombreuses ressources identiques, la communauté du hockey n’a ressenti aucune fatigue d’un événement à l’autre.
Cela n’a pas surpris les deux sommités canadiennes du hockey, qui se souviennent de la conquête de la médaille d’or avec une grande satisfaction, mais qui considèrent aussi l’expérience de 2004 à Halifax comme un fait saillant de leur carrière.
« Ils appuient le hockey, qu’il soit masculin ou féminin », dit Hefford, qui a été intronisée au Temple de la renommée du hockey en 2018 « C’est comme s’ils embarquaient tous. C’est une bonne indication de leur culture et un honneur à leur fierté nationale.
« Évidemment, ce fut une victoire importante pour nous, mais ce furent aussi quelques semaines vraiment amusantes. »
Pour Botterill, 40 ans, qui travaille maintenant pour MSG Network en tant qu’analyste en studio pour les matchs des Islanders de New York, le Mondial féminin de 2004 se classe au sommet de sa collection de huit médailles d’or internationales. Il se glisse à côté des Jeux olympiques de 2010 à Vancouver et du Championnat mondial de 2007 dans sa ville natale de Winnipeg.
« Nous nous sentions comme si nous étions vraiment arrivées à ce tournoi », dit-elle. « Quand je parle aux gens, c’est l’un des trois premiers de ma carrière. Cela vous donne une assez bonne idée de la façon dont ce fut spécial pour moi. »