Elle est de retour. Finalement.
Quand Haley Irwin a sauté sur la glace mardi pour les premières séances d’entraînement au Festival d’automne de l’équipe nationale féminine du Canada, c'était la première fois en 22 mois – 674 jours plus précisément – qu'elle prenait part à une activité sur glace avec Équipe Canada.
Le parcours vers un retour avec la formation nationale a été frustrant pour cette double médaillée d’or olympique, qui a raté presque deux ans en raison de deux blessures à long terme.
« J'ai participé à des camps avec l'équipe senior avant », a confié Irwin après avoir fait son retour, « mais sauter sur cette glace pour la première fois a été un immense soulagement. Je me suis dit: « C'est finalement le moment ».
Après avoir aidé le Canada à remporter la Coupe des 4 nations 2014 à Kamloops, C.-B., Irwin s'est jointe à l'Inferno de Calgary pour le reste de la saison dans la Ligue canadienne de hockey féminin.
Le 17 janvier 2015, l'Inferno a croisé le fer avec les Furies de Toronto, dans ce qui a été le plus récent duel auquel Irwin a participé.
« C'était juste un jeu malchanceux, vraiment », dit-elle à propos de sa première blessure. « Je bataillais avec une autre fille et je suis tombée dans la bande. Je me suis relevée sans problème (elle a terminé la rencontre avec un but et une aide dans une victoire de 4-2 de Calgary). C'est plus le lendemain que j'ai réalisé que j'étais plus mal en point que ça semblait l'être à première vue. »
La joueuse de Thunder Bay, Ont., n'a plus rejoué par la suite, alors que l'Inferno atteignait les demi-finales de la Coupe Clarkson, mais elle souhaitait porter le rouge et blanc au Championnat mondial féminin 2015 de l’IIHF.
« J'ai effectivement essayé de faire un retour pour ce championnat mondial, mais à la seconde où j'ai essayé de patiner... après un mois et demi, tu crois que tu es correcte, alors j'ai sauté sur la glace », raconte Irwin.
« Je peux vous dire que l'appel que j'ai fait à Mel [Davidson], la directrice générale d'Équipe Canada, a été l'un de plus difficiles de ma vie, pour lui avouer que je n'étais pas prête, que je n'étais pas rétablie. »
Irwin a suivi le tournoi de l'autre côté de l'Atlantique, alors que le Canada a mis la main sur la médaille d'argent à Malmö, Suède, s'inclinant 7-5 en finale contre les États-Unis. C'était la première fois depuis 2008 qu'elle ratait le Mondial féminin.
Mais elle voyait la lumière au bout du tunnel. Un été de réadaptation a permis à Irwin de reprendre le chemin vers Équipe Canada pour la saison 2015-2016, jusqu'à ce que...
« Ça a commencé par une blessure importune », dit-elle à propos de la deuxième blessure. « J'ai su que quelque chose ne fonctionnait pas bien, peu importe ce que je faisais, alors puisque j'étais blessée, je me suis dit que c'était l'occasion d'en savoir un peu plus tandis que j'avais le temps, alors pourquoi ne pas m'y attarder un peu?
Cette fois, une opération était nécessaire pour régler le problème, ce qui signifiait une autre saison perdue.
Pour Irwin, ce qui a été le plus frustrant, c'est que si elle avait su à quel point sa deuxième blessure était grave au moment où elle se remettait de sa première, elle aurait pu faire d'une pierre deux coups et se remettre de ses deux blessures en même temps, pour retourner un jeu il y a un an.
« En y repensant, il semble que j'aurais pu en faire beaucoup si j'avais su », confirme-t-elle. « Tu apprends la nouvelle et tu te dis "J’aurais pu régler ça il y a neuf mois. " Ça m'a fait très mal, mais je ne voulais pas revenir au jeu et subir une autre blessure. J'ai alors décidé de guérir de A à Z et de redevenir une grande athlète, en faisant des petits pas en avant au cours du processus. »
Cependant, en manquant la saison, elle a vécu sa plus grande déception, soit de rater le Championnat mondial féminin 2016 de l’IIHF à Kamloops et la chance de jouer devant les partisans canadiens.
C'était une décision évidente, mais difficile à prendre pour Irwin.
« Je n'arrêtais pas de dire "Mais le Mondial est au Canada, mais le Mondial est au Canada" ». Chaque fois que tu as la chance de jouer dans ton pays, devant tes partisans, c'est si spécial, [mais je savais que] je devais prendre la décision qui serait la meilleure pour moi à long terme.
« Ce n'était pas la décision la plus facile et ça n'a certainement pas été facile en sachant que nous allions jouer devant une foule incroyable à Kamloops. « Mais à bien y repenser, c'était la bonne décision, une décision difficile, mais une que je devais prendre pour dire que j'avais tout fait comme il faut pour revenir. »
Alors que ses coéquipières se trouvaient dans la capitale canadienne des tournois en quête de l'or, Irwin était contrainte de suivre l'action sur son divan à Calgary, ce qui est encore plus difficile que de se retrouver sur la glace pour gagner un titre mondial.
« J'étais plus nerveuse à les regarder qu'à jouer n'importe quel match. »
Même le match pour la médaille d’or?
« N'importe quel! Tu es assise et tu connais tout le monde sur la glace, alors tu sais ce qu'elles traversent comme épreuve et comment elles se sentent, les émotions qu'elles vivent et ce qu'elles veulent faire, comment elles veulent performer. Donc je suis littéralement assise sur le bord de mon divan et je crie après la télévision chaque match.
« Et ce match pour la médaille d’or était... Je sais ce que les parents vivent. C'était excitant et je suis très fière; j'étais très fière d'elles en regardant ce match, très fière d'être Canadienne et de faire partie du programme. »
Avec la réadaptation derrière elle, cette semaine a permis à Irwin de se remémorer les deux dernières années, de penser non seulement à l'aventure, mais aussi à celles qui l'ont aidée dans son retour avec Équipe Canada.
Elle a eu l'occasion de se retrouver dans le gymnase chaque jour avec quelques coéquipières de l'Inferno et d'Équipe Canada qui partageaient avec elle leurs objectifs à long terme, même si les objectifs à court terme d'Irwin étaient bien différents.
« C'était plus difficile de me retrouver dans le gymnase certains jours parce que je voulais être sur la glace; je voulais vivre exactement ce qu'elles vivaient et c'est difficile de regarder les autres faire ce que tu voudrais faire toi aussi, mais j’ai trouvé ça plus facile, car elles ont joué un rôle crucial dans ma réadaptation et mon retour et leur appui a eu une énorme signification pour moi. »
« Lorsque tu es en mesure de t'entourer de bonnes personnes positives, de personnes qui savent ce que ça représente de guérir une blessure, qui ont vécu des hauts et des bas, ça rend le processus un peu plus facile et facilite la réadaptation au gymnase. »
Finalement en santé et « entièrement engagée », Irwin tourne maintenant son attention sur la glace, vers cette semaine, cette saison, une cinquième participation au Mondial féminin au printemps prochain et possiblement une troisième présence aux Jeux olympiques de 2018 à PyeongChang.
Et bien qu'elle ait appris il y a longtemps de ne rien tenir pour acquis et de ne pas regarder trop loin devant, elle n'a jamais été aussi près du but.
« Quand tu joues, tu ne te dis jamais que tu pourrais apprécier ou comprendre plus ton expérience que dans le moment, mais tu le fais quand cette expérience n'est plus possible pour toi », explique Irwin. « Alors quand tu es à l'écart du jeu et que tu ne peux pas porter ce chandail, tu as une toute nouvelle façon de penser. »
« Et tu ne sais jamais quand sera ta dernière chance; c'est un honneur absolu chaque fois et je porte le chandail avec beaucoup de respect et de fierté. Il y a beaucoup de sang, de sueur et de larmes qui ont coulé sur ce chandail avant moi et je veux m'assurer de faire durer cette tradition. »
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Jeremy Knight
Responsable, communications organisationnelles
Hockey Canada
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