Jordan Spence a littéralement fait le tour du globe. De l’Australie au Japon, en passant par les Maritimes pour aboutir à Équipe Canada, Spence a fait preuve d’une grande capacité d’adaptation tant sur la glace qu’à l’extérieur des patinoires.
Spence, un défenseur de 18 ans, a fait ses débuts internationaux à titre de membre de l’équipe nationale masculine des moins de 18 ans du Canada au Championnat mondial des M18 2019 de l’IIHF, en Suède.
« C’est un sentiment incroyable. C’était l’un de mes rêves d’enfance », dit Spence. « Évidemment, comme je possède une double citoyenneté, je me serais tourné vers l’équipe du Japon si je n’avais pas été retenu par Équipe Canada, mais mon premier objectif était de représenter le Canada, et c’est un honneur d’avoir obtenu une invitation. »
Né à Sydney, en Australie, Spence a déménagé peu après au Japon, où il a appris à jouer au hockey grâce à son père canadien. Quand Jordan avait 13 ans, la famille Spence a déménagé à nouveau, cette fois à l’autre bout du monde : d’Osaka, au Japon (dont la population s’élève à environ 2,7 millions d’habitants) à Cornwall, à l’Île-du-Prince-Édouard (qui compte moins de 6 000 habitants).
Il va sans dire que ce fut un choc considérable. Les joueurs de hockey étaient désormais plus forts, plus rapides et plus habiles, mais surtout, Jordan devait composer avec le fait qu’il ne parlait pas du tout l’anglais.
Puisqu’il ne parlait que le japonais, il pouvait seulement communiquer avec ses parents. Au début, essayer de se faire de nouveaux amis et de suivre les directives de ses nouveaux entraîneurs s’est avéré difficile, mais cinq ans plus tard, personne ne se douterait que l’anglais est la langue seconde de Spence.
Spence a participé au repêchage de la LHJMQ en 2017, sans toutefois se tailler une place parmi les 250 joueurs sélectionnés. Certains disaient que son gabarit était trop petit et qu’il devait travailler son coup de patin. Ce fut une déception pour le jeune défenseur, qui s’est plutôt joint aux Western Capitals de Summerside dans la Ligue de hockey des Maritimes (MHL), où il a pu retrouver un vieil ami de la famille.
« Quand je n’ai pas été repêché, ça m’a motivé à devenir un meilleur joueur. C’est pour cette raison que j’ai choisi de poursuivre ma carrière dans le junior A, et c’est à partir de ce moment que ça a commencé à débloquer », raconte Spence.
Billy McGuigan, entraîneur-chef des Western Capitals, avait joué au hockey mineur contre Adam, le père de Jordan, quand ils étaient jeunes, et les deux sont amis depuis. Lorsque les Spencer vivaient au Japon, Adam avait organisé un programme d’échange pour les jeunes hockeyeurs à la manière d’un échange d’étudiants, et McGuigan avait lui-même accueilli quelques pensionnaires chez lui.
Ce dernier a vu le potentiel de Jordan, mais n’était pas certain que le jeune homme de 16 ans pourrait se frotter aux joueurs de 20 ans qui évoluent dans la MHL.
« Ce qu’il y a de bien chez Jordan Spence, c’est que lorsqu’il veut quelque chose, il fait tout ce qu’il peut pour l’obtenir », affirme McGuigan.
« Personnellement, comme entraîneur, j’avais mes doutes quant à sa capacité à faire le saut dans le junior A à l’âge de 16 ans. Mais au fil de l’été, le discours de Jordan est toujours demeuré le même, à savoir qu’il allait gagner son poste au sein de mon équipe. »
Spence est devenu le meilleur défenseur de Summerside, accumulant de nombreuses minutes de jeu dans toutes les situations. Il a mis l’accent sur l’amélioration de ses habiletés comme patineur et a démontré à la fois ses qualités défensives et offensives.
Il a été nommé Recrue de l’année de la MHL et a de nouveau participé au repêchage de la LHJMQ. Cette fois, il a été sélectionné par les Wildcats de Moncton en deuxième ronde, 20e au total. À Moncton, il a inscrit 49 points en 68 matchs (neuvième rang à ce chapitre parmi les défenseurs de la LHJMQ) et a encore une fois été nommé Recrue de l’année, rien de moins.
Depuis son apprentissage du hockey au Japon à son parcours au hockey junior à Summerside et à Moncton, Spence a toujours su exceller dans les diverses situations dans lesquelles il a été plongé.
« Il s’adapte à son milieu, et ce, très rapidement, et selon moi, c’est ce qui fait de lui un si bon joueur capable de rendre de grands services à un club de hockey », explique McGuigan.
Si Spence a été en mesure de s’intégrer partout où il a joué, c’est qu’il s’en tient à ses forces.
« Pour être franc, quand je saute sur la glace, je ne cherche pas à changer mon jeu », dit-il. « C’est probablement l’une des choses importantes au hockey, savoir rester fidèle à son identité. C’est ce qui donne des résultats. »
Il serait difficile de soutenir le contraire. Spence est classé au 59 e rang parmi les patineurs nord-américains en vue du repêchage 2019 de la LNH, et tout porte à croire qu’il sera sélectionné en deuxième ou en troisième ronde en juin. Il a hâte au processus entourant les évaluations et le repêchage, mais pour l’instant, il veille simplement à faire de son mieux pour aider le Canada à remporter l’or en Suède.
« Sa confiance en lui-même est son plus grand atout », soutient McGuigan. « Il peut se permettre de viser très haut. Chaque fois qu’il franchit une nouvelle étape, il redouble d’ardeur. »
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Jeremy Knight
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