Lorsque la rondelle sera mise au jeu à Moncton pour la suite de la Série de la rivalité cette semaine, une vénérable paire d’yeux suivra le match avec intérêt.
Sa présence au match pourrait passer inaperçue pour plusieurs, car beaucoup de temps s’est écoulé entre son impact sur la génération actuelle et l’époque où elle était acclamée.
Mais ce qui se passe sur la glace entre le Canada et les États-Unis est sans aucun doute un reflet concret de son courage et de sa contribution au hockey féminin il y a plusieurs années.
Cela est particulièrement vrai dans les Maritimes, où Stacy Wilson est née, a grandi et a appris à jouer au hockey à une époque où les filles devaient non seulement jouer exclusivement avec les garçons, mais aussi naviguer à travers les barrières sociales et les attitudes discriminatoires.
« J’ai été la seule fille pendant bon nombre d’années », explique Wilson, originaire de Salisbury (à 30 minutes de route de Moncton) et maintenant résidente de Saint-Louis, Nouveau-Brunswick.
« Je me trouve cependant très chanceuse. Cela me semblait naturel parce que tous mes amis jouaient. »
En 1973, Wilson a demandé à ses parents si elle pouvait se joindre à ses amis – principalement des garçons de la région à l’époque – et s’inscrire au hockey. Puisque son frère jouait déjà, ses parents ont dit oui.
En tant que première fille à jouer à Salisbury et la seule de l’équipe, elle a étonnamment ressenti peu de résistance et a été encouragée non seulement par ses parents, mais par l’entraîneur, l’association de hockey locale et la ville.
« Cela ne m’a pas semblé être un gros problème, même si je sais que ça l’était », dit Wilson, maintenant âgée de 54 ans. « En prenant du recul, je me rends compte que c’était un peu inhabituel. Mais à l’époque, ce que j’ai fait ne me semblait pas hors de l’ordinaire. »
Bien sûr, il y a eu des commentaires sarcastiques de la part d’autres parents et joueurs, et la logistique du vestiaire a présenté quelques défis, mais elle a persévéré avec aplomb.
« C’était ça le pire », se souvient-elle. « À l’époque, ça n’avait pas d’importance. J’allais jouer, peu importe, et je n’allais pas me laisser déranger. »
Et c’est ce qu’elle a fait. Dans les faits, Wilson a excellé.
« Je m’intégrais parfaitement », dit-elle. « J’aurais été considérée comme une très bonne joueuse de mon équipe à l’époque. »
Cependant, le jeu avec les garçons devenant plus robuste et son parcours au hockey devenant moins défini, elle a abandonné le jeu après sa saison bantam pour pratiquer d’autres sports comme le badminton, où elle a représenté le Nouveau-Brunswick aux Jeux du Canada à deux reprises.
« C’était comme s’il n’y avait nulle part où aller au hockey. Les joueurs devenaient beaucoup plus gros que moi. Il me semblait que c’était une impasse, alors j’ai arrêté de jouer. »
Ce ne fut pas une décision facile. La première saison, elle a évité d’aller à l’aréna où ses amis et anciens coéquipiers continuaient de jouer et son abandon a duré cinq ans.
Au moment où elle a entrepris ses études postsecondaires à l’Université Acadia, le goût de jouer à nouveau était trop fort, elle n’a pu résister. Elle est revenue au jeu et a joué un rôle déterminant dans le démarrage du programme de hockey féminin à l’université.
C’était une initiative modeste au début, avec une équipe composée de seulement quelques joueuses qui possédaient les habiletés et l’expérience au hockey de Wilson, quelques autres qui avaient déjà patiné et de nombreuses débutantes.
Elles ont utilisé de vieux chandails transmis par le programme masculin, ont été désignées comme une équipe de « club », ont enduré de nombreuses heures d’entraînement à 6 heures du matin et recueilli des fonds pour soutenir financièrement le programme.
« C’était une équipe de type Une équipe d’enfer », dit Wilson. « Mais cela a vraiment ravivé ma passion. »
En plus d’obtenir un diplôme en éducation, Wilson a également aidé Acadia à représenter la Nouvelle-Écosse au Championnat national féminin Esso en 1986 et 1987.
Après cela, d’autres occasions se sont présentées à Wilson au hockey, tant à l’échelle provinciale qu’à l’international.
Elle a fait partie d’Équipe Nouveau-Brunswick à plusieurs reprises au Championnat national féminin Esso (1988-1998), où elle a été la meilleure pointeuse du tournoi à sa première année. De plus, elle a été la Joueuse par excellence et la meilleure marqueuse de la Ligue de hockey féminin senior du Nouveau-Brunswick en 1989-1990.
À l’époque, le monde du hockey féminin était différent, car il y avait des mises en échec corporelles et les possibilités et les programmes de haut niveau étaient beaucoup moins nombreux.
« Stacy était un cas un peu particulier », a déclaré Melody Davidson, dépisteuse en chef des équipes nationales féminines de Hockey Canada et ancienne entraîneuse de Wilson avec Équipe Canada.
« Elle était une meneuse exceptionnelle et, à l’époque, en tant qu’enseignante, elle jouait déjà un rôle de chef de file. Elle était une compétitrice féroce et faisait tout ce qu’il fallait pour mener ou motiver son équipe et ses coéquipières vers le succès. »
C’est à ce moment que Wilson a commencé à remarquer un changement d’attitude envers le hockey féminin. Ce changement s’est manifesté également chez les joueuses, qui ont commencé à changer dans la passion et la préparation qu’elles apportaient au jeu.
« Quand nous allions au championnat national, ce n’était pas seulement pour y aller; c’était pour bien faire », explique Wilson. « Ces joueuses m’ont permis de voir un autre aspect de la compétition, un aspect plus sérieux. »
À l’époque, Wilson avait eu un tel impact sur le sport que la scène internationale a frappé à sa porte. Elle s’est jointe à l’équipe nationale féminine du Canada en 1990 et a aidé Équipe Canada à remporter une médaille d’or au premier Championnat mondial féminin de l’IIHF à Ottawa, accumulant trois buts et 11 points en cinq matchs.
Ce fut un tournoi notable non seulement en raison de son histoire, mais aussi parce que les chandails canadiens étaient roses au lieu de rouges – ce qui en a fait sourciller plusieurs, mais selon Wilson, cela n’a pas diminué le rayonnement du patriotisme.
« Ce fut un rêve devenu réalité », affirme-t-elle. « Nous avons été déçues qu’ils ne soient pas rouges. Mais cela nous importait peu tant qu’ils arboraient la feuille d’érable et que nous représentions notre pays. »
Au cours des huit prochaines années, elle a joué pour Équipe Canada dans diverses compétitions internationales, remportant l’or au Mondial féminin en 1992, 1994 et 1997. Le fait saillant de sa carrière est survenu lorsqu’elle a mené Équipe Canada à une médaille d’argent aux Jeux olympiques d’hiver de 1998 à Nagano en tant que capitaine.
« C’est une expérience que je chérirai pour toujours. J’ai eu beaucoup de chance d’avoir eu cette occasion. »
Wilson a pris sa retraite après Nagano pour poursuivre d’autres intérêts au hockey, notamment en tant qu’entraîneuse adjointe à l’Université du Minnesota à Duluth pendant cinq saisons, et trois autres en tant qu’entraîneuse-chef au Bowdoin College dans le Maine.
Elle a également écrit un livre intitulé The Hockey Book for Girls et a été reconnue pour sa contribution au sport par l’Acadia Sports Hall of Fame et le Temple de la renommée sportive du Nouveau-Brunswick.
« Stacy a traversé ce que nous avons toutes vécu à l’époque et tout cela porte maintenant des fruits », explique Davidson. « C’est la raison pour laquelle le hockey (féminin) en rendu là où il est maintenant. »
« Je suis sure qu’elle sera fière du fait que son jeu et son leadership font partie de la raison pour laquelle elles jouent à Moncton et que notre programme a atteint un si haut niveau. »
Quant au match de la Série de la rivalité dans sa ville d’origine, Wilson ne se sent pas matriarcale à ce sujet; elle est plutôt ravie de la chance offerte à toutes les participantes et du fait que les Maritimes aient été choisies pour l’accueillir.
« J’ai vraiment hâte », dit-elle. « J’ai obtenu mes billets il y a longtemps. Ce sont toujours de très bons matchs entre le Canada et les États-Unis. »
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Jeremy Knight
Responsable, communications organisationnelles
Hockey Canada
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