Quand Steve Arsenault s’est fait offrir un poste d’entraîneur adjoint de l’équipe nationale de parahockey du Canada, il s’est demandé quel impact il aurait sur l’équipe, avant de penser à l’impact de cette occasion sur sa vie. Tout ça en dit long sur sa personnalité.
Seulement deux ans après la fin de sa carrière de joueur avec Équipe Canada, Arsenault voulait s’assurer que son nouveau poste ne causerait aucun malaise dans le vestiaire.
« Dès que j’ai appris cette possibilité, j’ai appelé Greg [Westlake] [un vétéran de l’équipe nationale] pour m’assurer qu’il était à l’aise avec cette situation, tout simplement parce que je ne voulais pas me placer dans une position qui pourrait devenir une distraction pour les gars », confie-t-il. « C’était la première chose que je voulais régler. »
« En fait, je pense que mon arrivée sera plutôt bénéfique parce qu’ils me connaissent, ils savent comment je suis et comment je pense. La plupart d’entre eux espèrent obtenir une chance similaire quand ils prendront leur retraite. »
L’athlète de Spruce Grove, Alb., s’est retiré de la compétition à la suite du revers de 2-1 subi en prolongation contre les États-Unis au match pour la médaille d’or des Jeux paralympiques d'hiver de 2018 à PyeongChang. Le dernier de ses 128 matchs dans l’uniforme du Canada.
L’un des piliers d’Équipe Canada, Arsenault a récolté 21 points en carrière, a remporté deux médailles d’or au Championnat mondial de parahockey sur glace du CIP (2013, 2015) et gagné la médaille de bronze des Jeux paralympiques de 2014, ainsi que celle d’argent aux Jeux de 2018.
« Je décrirais Stevie comme un guerrier », lance l’entraîneur-chef de l’équipe nationale de parahockey du Canada, Ken Babey. « Il était robuste, trimait dur et défendait toujours ses coéquipiers. Depuis son départ du programme, il nous manque vraiment dans notre formation, parce qu’il jouait bien dans les deux sens de la patinoire et qu’il était tellement un bon joueur d’équipe. »
C’est Babey qui a ramené Arsenault dans le giron de l’équipe, d’abord comme entraîneur invité à un camp l’hiver dernier, peu de temps avant que la pandémie de COVID-19 mette fin à la saison de hockey.
Le pilote de l’équipe canadienne adore la passion et la perspective qu’Arsenault apporte dans ce rôle et sa capacité unique à établir un lien avec les joueurs d’une façon qu’aucun autre membre du personnel ne peut y arriver.
« En tant qu’entraîneurs, nous entretenons une relation entraîneur-athlète lors de nos discussions avec eux, mais lui, il se situe entre les deux », raconte Babey. « Il a joué à un haut niveau, pendant plusieurs années et il a eu beaucoup de succès. Quand il parle aux gars seul à seul ou en groupe, je pense qu’il arrive à attirer leur attention, puisque pour eux, c’est comme s’ils parlaient encore avec un joueur. Ils ont cette relation. Ils partagent des choses en commun, ils ont tous été sur une luge à pratiquer ce sport.
C’est un style d’entraînement qu’Arsenault perfectionnait même quand il représentait son pays comme joueur.
En 2014, l’organisme de sports en fauteuil roulant Wheelchair Sports Alberta a lancé un programme provincial de parahockey pour aider à faire le pont entre les clubs de parahockey et l’équipe nationale. L’organisation de parahockey Alberta Sledge (jusqu’en 2016, hockey sur luge était l’appellation pour désigner le sport du parahockey) est alors née et Arsenault – le seul Albertain d’Équipe Canada – a aussitôt décidé de se joindre à elle en tant que conseiller.
Il est devenu l’entraîneur-chef de la formation provinciale l’année suivante. Depuis ce temps, il a mené l’Alberta à quatre titres consécutifs du Championnat national de parahockey (2016, 2017, 2018, 2019).
Cependant, sa plus grande fierté ne réside pas dans les championnats remportés. Le programme de l’Alberta est devenu l’une des principales pépinières d’Équipe Canada; durant la saison 2019-2020, cinq des joueurs dirigés par Arsenault ont reçu une invitation au camp de sélection de l’équipe nationale et quatre – Cody Dolan, Micah Kovacevich, Zach Lavin et Branden Sison – ont fait partie de la formation pour le plus important tournoi de la saison raccourcie, soit la Coupe de parahockey Canadian Tire 2019.
« Il a vraiment donné un élan à ma carrière au hockey sur la scène provinciale et m’a permis d’avoir une perspective de joueur », explique Dolan, qui a remporté trois titres nationaux avec Équipe Alberta. « J’en ai appris sur la mentalité, l’éthique de travail et même certains systèmes de Hockey Canada qu’il a été en mesure d’intégrer à l’échelle provinciale et il a mis l’accent sur nos habiletés. Je dois beaucoup à Steve. »
« Il est comme un entraîneur, un père, en quelque sorte, qui nous pousse à travailler fort, à être à notre sommet et nous enseigne certains aspects éthiques et moraux de ce sport.
La clé du succès d’Arsenault ne repose pas sur les victoires et les défaites (quoiqu’il n’y en a pas eu tant que ça de ces défaites). La base du programme provincial a toujours été de produire de bons joueurs et de bonnes personnes qui peuvent connaître du succès au prochain niveau.
« Tu les vois progresser », dit-il. « Certains de ces gars de l’équipe nationale ont commencé [au sein du programme provincial] quand ils étaient adolescents et aujourd’hui je les vois devenir de jeunes adultes avec le programme national, sur la route d’une longue carrière. C’est excitant de constater cette progression et très gratifiant, encore plus que lorsqu’on remporte des championnats. »
Arsenault a maintenant l’occasion de mettre à profit ses philosophies d’entraîneur pour influencer non seulement la prochaine génération de joueurs de parahockey de l’Alberta, mais aussi de partout au pays.
Après deux ans, il est enthousiaste de retourner avec l’équipe nationale, de faire partie de ce que Hockey Canada a bâti, d’apprendre de Babey et de son personnel et de partir à la conquête d’un titre qui lui a échappé comme joueur.
« J’ai perdu contact avec plusieurs des gars quand j’ai pris ma retraite », commente Arsenault. « C’est bien de les revoir et de constater à quel point ils ont progressé sur le plan de la maturité et des habiletés, surtout les plus jeunes. La culture qu’ils ont façonnée depuis mon retrait de la compétition est tellement meilleure. C’est le genre de culture dans laquelle je veux évoluer et ça me fait un peu espérer de jouer encore. C’est plaisant. »
« Je veux aider les gars à avoir du succès et qu’ils gagnent une médaille d’or [paralympique], parce que c’est quelque chose que je n’ai jamais réussi à obtenir comme joueur. C’est mon premier et principal objectif. J’ai tout donné pour cette équipe pendant très longtemps, alors c’est excitant d’être de retour. J’ai bien hâte à ce qui s’en vient. »
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Jeremy Knight
Responsable, communications organisationnelles
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