« Il a 35 ans, il est marié et il a trois enfants. »
Ce n’est pas le rapport de dépistage le plus commun, mais Devon Levi n’est pas le gardien de but le plus commun non plus.
Bien en avance sur ses 18 ans, Levi a connu une saison magistrale avec les Canadians de Carleton Place, ce qui lui a valu le titre de Joueur de l’année de la Ligue de hockey junior canadienne (LHJC).
Natif de Dollard-des-Ormeaux, au Québec, il est devenu le premier cerbère à remporter le prix depuis Nic Renyard en 2015 et seulement le deuxième depuis que cet honneur a commencé à être remis, en 1989. Il ajoute son nom à un groupe élite d’anciens lauréats comme Paul Kariya (1992), Dany Heatley (1999), Kyle Turris (2007) et Cale Makar (2017).
« C’est juste incroyable de voir mon nom parmi une telle liste de joueurs », admet-il. « C’est quelque chose auquel n’importe quel joueur rêve. C’est un sentiment magique. Je suis heureux de suivre le chemin de mes rêves et je vais faire tout ce que je peux pour jouer dans la LNH. »
Après la saison que Levi a connue, peu de gens parieraient contre lui.
Dès les premiers instants de la saison des Canadians, il a été étincelant, signant 34 victoires en 37 matchs, maintenant une moyenne de buts alloués de 1,47, un pourcentage d’arrêts de 0,941 et obtenant 8 jeux blancs, des sommets dans la Ligue de hockey du Canada central (CCHL).
Ses exploits sur glace lui ont valu de nombreuses distinctions, notamment les prix de la ligue du Joueur par excellence, du Gardien de but de l’année et du Meilleur espoir de la CCHL, en plus des honneurs de la LHJC, soit Joueur par excellence, Meilleur gardien de but et Meilleure recrue.
En une seule saison, il a gagné les honneurs équivalant à une carrière remarquable d’un joueur de hockey junior A.
Mais pour tous ses faits saillants individuels, Levi, qui pense toujours à l’équipe en premier, n’hésite pas une seconde à donner le crédit à ceux qui ont enfilé le chandail des Canadians avec lui cette saison.
« Je n’aurais jamais eu ce succès sans mes coéquipiers », lance-t-il. « J’essaie juste de tout faire pour donner la chance à mon équipe de remporter des matchs. Ces honneurs individuels sont plaisants à recevoir, mais tout ce qui compte pour moi, c’est de me comporter en bon coéquipier, de soutenir mon équipe et de lui donner confiance, c’est tout ce que je veux faire. »
Alors, quel est le secret du succès de Levi? Il n’y en a pas.
« Je suis guidé par mon désir profond de gagner et mon amour de ce sport », exprime-t-il. « En fin de compte, si tu aimes ce que tu fais, tu seras prêt à faire tout ce qu’il faut pour gagner et continuer de jouer. Mon amour pour le hockey et le plaisir que j’éprouve quand je me retrouve sur la glace sont à un niveau extrêmement élevé. Pour certaines personnes, rester sur la glace après un entraînement équivaut à faire du travail supplémentaire, mais pour moi, ce n’est qu’une question de m’amuser encore plus à pratiquer le sport que j’adore. »
Un ancien de l’Association de hockey de Dollard, Levi a couronné son parcours au hockey mineur en passant trois saisons avc les Lions du Lac St-Louis de la Ligue de hockey midget AAA du Québec (LHMAAAQ). À chacune de ses deux dernières campagnes, il a été élu à la première équipe des étoiles du circuit. Lors de la saison 2018-2019, il a remporté le trophée Ken-Dryden, remis au meilleur espoir chez les gardiens de but de la ligue et le trophée Patrick-Roy, décerné au Joueur défensif des séries éliminatoires.
Il est arrivé à Carleton Place avec la confiance qu’il avait bâtie lors de sa dernière année midget (maintenant M18); il a remporté ses neuf premiers départs sans accorder plus que deux buts; d’ailleurs, du 20 septembre au 1er octobre, il n’a concédé que deux buts en cinq rencontres.
Encore une fois, c’est davantage ce qu’il a fait à l’extérieur de la patinoire que sur celle-ci qui a fait de lui une personne appréciée au sein de l’équipe.
« Il a gagné beaucoup de respect très rapidement dans notre vestiaire et auprès notre groupe de meneurs juste par sa bienveillance et ses qualités de bon coéquipier », raconte Jason Clarke, entraîneur-chef et directeur général des Canadians. « Il a connu un départ très rapide et évidemment il a accompli du très bon boulot. Parfois, cela peut jouer dans la tête d’une personne, mais dans son cas, ce fut le contraire. »
Son départ canon lui a permis de se tailler un poste au sein d’Équipe Canada Est au Défi mondial junior A 2019 à Dawson Creek, C.-B., ou très peu de gens – peut-être Levi, Clarke et quelques membres de sa famille et certains de ses amis – auraient pu prédire la performance offerte par l’homme masqué.
Il a connu des hauts et des bas en ronde préliminaire, bloquant 30 rondelles dans un revers en prolongation contre les Russes et 29 dans ce qui a été seulement la deuxième victoire de l’histoire de Canada Est contre Canada Ouest, mais il a concédé 11 buts en seulement cinq périodes de travail dans des défaites face aux Américains et aux Tchèques. Cependant, il a gardé ses meilleures performances pour les matchs les plus importants.
En demi-finale face aux champions en titre des États-Unis, Levi a été pratiquement imbattable; il a stoppé 41 des 42 tirs reçus en 70 minutes de temps réglementaire et de prolongation en plus de fermer la porte devant les quatre joueurs adverses en tirs de barrage pour permettre à sa troupe de signer une victoire surprise de 2-1.
Le lendemain, il n’a accordé que deux buts sur 41 tirs en plus de 85 minutes dans un revers crève-cœur en deuxième période de prolongation face à la Russie au match pour la médaille d’or.
Pour ses réalisations, particulièrement en ronde éliminatoire, Levi a été nommé Joueur par excellence du tournoi.
« Ce tournoi a été l’expérience de ma vie », dit-il. « Nous étions vraiment les négligés en demi-finale contre les États-Unis et je sentais que nous méritions d’être rendus là et de les battre. Tout le travail que j’avais mis dans mon jeu, je voulais qu’il ressorte dans ce match. J’ai senti que ce tournoi m’a permis de monter mon jeu d’un cran après le tournoi et ça m’a donné beaucoup de confiance à mon retour à Carleton Place. »
Levi a conclu sa saison régulière avec un dossier de 13-1-1 (accordant deux buts ou plus seulement deux fois au cours de cette séquence) et a mené les Canadians – qui ont terminé l’année avec une fiche de 49-7-6 et pris le quatrième rang parmi les 131 formations de la LHJC – en séries éliminatoires de la CCHL avant que les activités de la ligue soient annulées le 12 mai en raison de la pandémie du coronavirus.
« Cette annulation nous a vraiment fait mal », confie Levi, à propos de cette chance ratée de partir à la conquête d’un titre national. « Nous sentions que nous avions l’équipe pour aller jusqu’au bout ou du moins pour avoir une bonne chance d’y arriver. C’était notre objectif – gagner les séries éliminatoires et la Coupe du centenaire, tout gagner. Ça nous a fait mal de perdre cette chance. »
Ainsi, avec sa carrière junior A qui a pris fin prématurément, Levi est prêt à passer au prochain niveau avec sa mentalité de « chaque année est une nouvelle année et chaque match est un nouveau match ».
Peu de temps après le Défi mondial junior A, il s’est engagé auprès de l’Université Northeastern pour jouer au hockey dans la division I de la NCAA. Il est aussi classé au huitième rang parmi les gardiens de but nord-américains en vue du repêchage 2020 de la LNH, peu importe quand il aura lieu.
Mais peu importe quel sera le prochain défi de Levi, son entraîneur veut s’assurer qu’il ne change rien à sa manière de faire les choses.
« Il doit simplement continuer d’être le Devon Levi qu’il est », explique Clarke. « Il doit continuer de faire ce qu’il fait. S’il y a quelqu’un qui fera des ravages dans la NCAA l’an prochain et qui réalisera des choses spéciales, je serais prêt à parier mon hypothèque sur Devon Levi. Il est un jeune trop mature et trop déterminé et il a trop de courage en lui pour baisser les bras, laisser tomber ses coéquipiers et ne pas avoir de succès. »
Pour plus d'informations : |
Jeremy Knight
Responsable, communications organisationnelles
Hockey Canada
(647) 251-9738