Mat Robinson n’oubliera jamais ce qui s’est passé il y a quatre ans.
Sa femme, sa fille, sa famille et ses amis étaient dans les gradins; lui, il était sur la glace, à gagner le bronze avec l’équipe olympique masculine du Canada aux Jeux olympiques d’hiver de 2018 à PyeongChang.
Après neuf saisons de hockey professionnel et un tel exploit, on aurait pu s’attendre à ce que le hockeyeur de 31 ans réfléchisse à sa carrière… mais Robinson n’avait nullement l’intention de ralentir.
« J’avais l’impression qu’il me restait encore pas mal de hockey à jouer, raconte-t-il. Je jouais pour le CSKA de Moscou, dans la KHL – une excellente équipe. Je voulais juste continuer de jouer et d’apprécier mon passage là-bas. »
Robinson était motivé par l’idée de remporter la Coupe Gagarin avec son équipe, répétant ainsi le triomphe de 2019, mais l’idée de représenter le Canada de nouveau aux Jeux olympiques germait aussi en lui.
« Je ne mentirai pas, j’y pensais un peu, avoue-t-il. Je savais que ce n’était pas irréaliste, même si c’est difficile de se projeter quatre ans dans l’avenir, juste après les Olympiques. Je savais qu’il faudrait prendre ça un jour et une saison à la fois, et que je devais maintenir mon niveau de jeu pour avoir une autre chance de représenter le Canada. »
Robinson n’avait jamais rêvé se rendre deux fois aux Jeux olympiques. Ce Calgarien d’origine n’a été repêché ni dans la Ligue de hockey de l’Ouest ni dans la Ligue nationale de hockey.
Il a joué quatre saisons avec l’Université de l’Alaska à Anchorage, occupant le rôle de capitaine pour la dernière campagne. Après avoir obtenu son diplôme, Robinson a joué quelques matchs avec les Wranglers de Las Vegas dans l’East Coast Hockey League (ECHL). Sa saison 2009-2010 fut partagée entre les Senators de Binghamton (Ligue américaine de hockey) et les Jackals d’Elmira (ECHL).
« Mon début de carrière n’était pas exactement idéal. J’avais l’impression que toutes les portes se fermaient, se confie-t-il. Je ne voulais pas qu’on pense que je n’étais rien d’autre qu’un joueur typique de l’ECHL, mais j’avais l’impression que c’était ça qui était en train de se passer. »
Après une saison en Amérique du Nord, Robinson a décidé de traverser l’Atlantique pour poursuivre son rêve de devenir hockeyeur professionnel.
« J’avais l’impression que le hockey européen me conviendrait mieux, dit-il. En fait, à cette étape de ma carrière, je pensais surtout que je pourrais essayer ça quelques années et voir comment les choses allaient se passer. Au pire, j’aurais vécu à l’étranger, à l’autre bout du monde. »
Robinson a signé une entente d’une saison avec le Sparta de Sarpsborg, un club norvégien, puis a traversé la frontière et passé deux saisons avec le Timrå IK de la Ligue suédoise de hockey. Après trois ans dans de bonnes équipes européennes, il s’est entendu avec le Dinamo de Riga, réalisant ainsi son objectif de jouer dans la KHL.
« C’était ma première année dans la KHL, et je ne savais pas à quoi m’attendre, mais je suis tombé sur une bonne équipe, avec des coéquipiers extraordinaires qui m’ont montré les rouages. C’est là que le déclic s’est fait. »
Et en 2014-2015, il a signé avec le Dynamo de Moscou, ce qui lui a donné beaucoup d’assurance.
« C’est au cours de ma première année en Russie que j’ai compris que je pouvais y arriver, que j’avais le potentiel d’être l’un des meilleurs de la ligue, indique-t-il. J’ai décidé de foncer. »
Au total, en Europe, Robinson a joué pour six clubs de trois ligues dans quatre pays au cours de 12 saisons. Mais tout au long de ce périple, il n’a jamais été seul; il a toujours pu compter sur ses plus grands admirateurs – ses parents Trevor et Cindy.
« Ils ont tout fait pour ma carrière. Ce sont mes plus grands partisans, souligne-t-il. Mon père était mon entraîneur quand j’étais jeune. C’est lui qui m’a montré les bases, et encore à ce jour, il continue de me donner des conseils. Je leur dois tout. Ils ont fait d’immenses sacrifices pour que je puisse en arriver là. »
La carrière de Robinson a aussi permis à ses parents de vivre de nouvelles expériences et de forger de beaux souvenirs.
« Notre fils s’est servi de son parcours de hockey pour nous offrir des vacances extraordinaires, indique Trevor. Il a joué en Norvège; on y est allés. Il a joué en Suède; on y est allés. Même chose pour la Lettonie et Moscou. Ce sont des endroits où je n’aurais jamais mis les pieds sans lui. »
« On a pu voyager à tellement d’endroits pour être avec lui! Ça nous a permis de découvrir les pays où il jouait, ajoute Cindy. Et puis, l’avoir vu progresser et se hisser au sommet aujourd’hui, c’est phénoménal. »
Bien qu’un océan les sépare, les Robinson sont restés proches.
« Si on compare ça à ses débuts, à l’Université de l’Alaska, ça n’a rien à voir, soutient Cindy. À cette époque, c’était vraiment difficile de rester en contact, mais aujourd’hui c’est facile… et ça fait tellement de bien. C’est comme s’il était à la maison malgré tout. »
Trevor et Cindy chériront toujours le souvenir d’avoir été là pour encourager leur fils quand il a remporté le bronze à PyeongChang. Et à défaut d’être dans la foule cette année à Beijing, ils vont tout de même l’encourager à la maison.
« Comme Mat le dit lui-même, c’est une deuxième chance d’aller chercher l’or, explique Trevor. On est tellement fiers de lui, de voir ce qu’il a accompli. C’est un double athlète olympique, c’est fou! On espère qu’il aura la chance de se démarquer sur la glace et de rapporter une médaille d’or au Canada. »
À ses débuts, Robinson ne se serait jamais imaginé être à Beijing pour représenter son pays une deuxième fois aux Jeux olympiques.
« C’est un autre rêve qui se réalise. Jamais en cent ans je n’aurais imaginé jouer 13 saisons de hockey professionnel. Aller deux fois aux Jeux olympiques, c’est la cerise sur le gâteau. »
Robinson espère que son parcours atypique inspirera les jeunes joueurs à ne pas abandonner leurs rêves malgré l’adversité.
« Des joueurs m’ont dit qu’ils ont vu ma carrière et qu’ils veulent en faire autant. C’est réconfortant de voir que je peux motiver des gars qui n’ont pas eu la chance d’accéder directement à la LNH. »
Et l’avenir après Beijing? Robinson préfère ne fermer aucune porte pour l’instant.
« Même à 35 ans, je pense qu’il me reste encore beaucoup de hockey à jouer, estime-t-il. Je suis vraiment content d’être ici. Je remercie le destin pour ça. »
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Jeremy Knight
Responsable, communications organisationnelles
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