Pour qu’une joueuse puisse deviner ce que pense un officiel de hockey, ça aide si la joueuse est, elle-même, officielle de hockey.
« Je sais ce qu’il faut et ne faut pas faire. Je sais quels sont les endroits que les officiels surveillent de près », affirme Elizabeth Mantha, qui travaille comme juge de lignes un peu partout au Québec lorsqu’elle ne porte pas l’uniforme des Carabins de l’Université de Montréal avec qui elle joue comme défenseure.
Au lieu de participer à son match cette semaine, elle a décidé de traverser le pays pour se rendre à Kamloops, en C.-B., où elle travaillera comme officielle à l’occasion de la Coupe des quatre nations 2014. À peine quatre ans après avoir acquis un sifflet, la native de Longueuil, au Québec, se verra confier du travail comme officielle à son premier tournoi international et son deuxième événement d’envergure en douze mois.
En novembre dernier, elle a travaillé comme juge de lignes au Championnat national féminin des moins de 18 ans, y compris au match pour la médaille d’or. Il s’agit d’ailleurs d’un événement auquel elle avait remporté une médaille d’argent comme joueuse (avec sa coéquipière Marie-Philip Poulin) en 2007.
Ayant évolué comme joueuse de ringuette à caractère offensif, Mantha, âgée de 24 ans, s’est orientée vers le hockey – et la position de défenseure – lorsqu’elle avait 10 ans. Inscrite à un programme sports-études à l’école secondaire, Mantha a été encadrée par l’entraîneure France St-Louis.
« Elle nous a vraiment enseigné les côtés positifs du hockey et a aussi fait naître en moi une passion pour le hockey », commente Mantha au sujet de la lauréate de l’Ordre du hockey au Canada 2014 (également médaillée d’or à la Coupe des trois nations de 1996).
Comme joueuse, Mantha a remporté les honneurs aussi bien à titre individuel – ayant été nommée au sein de l’équipe des étoiles du Championnat du SIC en 2012 – que comme membre d’une équipe – gagnant le Championnat du SIC l’année suivante quand elle faisait partie de la formation des Carabins.
Et comme officielle, Mantha sait très bien à qui elle doit des remerciements pour avoir doublé son temps de glace hebdomadaire.
« J’ai commencé à arbitrer des matchs principalement en raison de mon copain, qui est, lui aussi, officiel », dit-elle. « C’est lui qui a éveillé en moi la passion pour l’arbitrage. »
Au cours d’une semaine type, Mantha assistera à trois ou quatre séances d’entraînement, en plus de participer à un ou deux matchs comme joueuse et à trois à cinq matchs comme officielle. Elle doit également trouver le temps de s’entraîner au gymnase et, bien entendu, d’étudier (elle fait une majeure en relations internationales et une mineure en droit).
Ayant joué un double rôle sur la scène du hockey, Mantha, la joueuse, ressent sûrement de l’empathie pour les officiels et peut ainsi s’identifier avec les fonctions qu’on leur confie, n’est-ce pas?
« Je ne conteste jamais la décision d’un officiel », déclare-t-elle.
Mais en y repensant bien…
« Bien oui, parfois, vu les émotions que je ressens dans le feu de l’action, je remets quelque peu en question (les décisions), mais j’apprécie vraiment l’ampleur de leur tâche », admet-elle. « Je dirai aux autres filles de l’équipe, “calmez-vous, c’est dur et il arrive parfois que vous connaissiez un mauvais match. Le prochain match ira mieux”. »
Ses coéquipières savent déjà qu’elles disposent d’une ressource précieuse dans leur vestiaire.
« Elles trouvent pratique l’idée de compter une officielle dans l’équipe, de sorte qu’elles puissent poser des questions (au sujet des règles) », affirme Mantha.
Et l’officielle dont il s’agit en est nul doute une qui est en bonne forme. Le travail d’officielle offre nettement moins de possibilités de se désaltérer que la vie de joueuse. « Tu es constamment sur la glace, 60 minutes du début à la fin », souligne Mantha. « Quand tu es joueuse, chacun des quarts dure 45 secondes. »
Le seul côté négatif de la vie d’officielle, c’est qu’elle a maintenant l’impression de regarder les matchs différemment lorsqu’elle n’est que spectatrice.
« Je regarde toujours les erreurs », rigole-t-elle. « Je ne peux même pas regarder un match sans regarder les officiels. »
Mantha, qui se voit confier du travail lors de matchs masculins et féminins, s’est bien établie dans son deuxième rôle après avoir reçu des conseils de quelques-uns de ses collègues chevronnés. « Je stressais parfois avant les matchs », raconte-t-elle. « (On me disait) de me calmer et de ne pas me stresser face à la situation. Si tu fais une erreur de jugement, dis-toi tout simplement que tu as manqué ton coup et que tu ne répéteras pas la même erreur. »
« Le hockey se joue à vive allure; tu dois donc être prête à t’adapter en cours de route », souligne-t-elle. Elle se base sur un incident récent lors du match d’ouverture de la saison entre les Stars de Montréal et les Blades de Boston, où Mantha s’est trouvée dans le pétrin à cause d’un changement apporté au livre des règles de la LCHF.
« La première décision que j’avais à prendre a porté sur le dégagement refusé hybride, mais je ne l’ai pas prise (la décision) », avoue-t-elle. « Certaines joueuses ont remis en question ma réaction au jeu. Je leur ai alors dit “désolée, ça ne se reproduira pas”. »
Mantha reverra quelques-unes des mêmes joueuses à la Coupe des 4 nations. Elle s’est dite emballée d’avoir reçu l’appel l’invitant à travailler au tournoi comme l’une des cinq juges de lignes.
« J’étais vraiment emballée parce qu’il s’agit d’un pas de géant pour moi », explique-t-elle.
En janvier, Mantha représentera le Canada aux Jeux de la Fédération internationale du sport universitaire (FISU), une compétition mondiale pour les athlètes-étudiants. Ce sera d’autant plus une grande expérience pour elle, puisqu’elle anticipe qu’un aspect de sa vie tire à sa fin.
« Je pense qu’il s’agira de ma dernière année comme joueuse, car je veux me concentrer sur le métier d’officielle en vue de grimper les échelons dans ce domaine-là », affirme-t-elle.
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Jeremy Knight
Responsable, communications organisationnelles
Hockey Canada
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