Si on se fie à leurs performances des deux dernières semaines aux Jeux olympiques d’hiver de 2014, il n’est pas risqué d’affirmer que la plupart des Canadiens connaissent les noms de Carey Price et Shannon Szabados.
Après tout, le fait d’être le gardien de but partant lors du match pour la médaille d’or olympique a tendance à augmenter un peu la notoriété d’un individu. Ce n’est pas comme si les deux portiers avaient besoin de cela pour se faire connaître.
Toutefois, il n’est pas risqué de dire que la plupart des amateurs ne réalisent pas que le 4 septembre 2002, presque 12 ans avant qu’ils ne volent le spectacle à Sotchi, Price et Szabados ont partagé le filet dans une même partie.
Ce jour-là, au Ladner Leisure Centre, un aréna de 1 000 sièges dans une banlieue à 30 minutes au sud de Vancouver, C.-B., les deux jeunes cerbères, alors inconnus, se sont partagé la tâche devant la cage des Americans de Tri-City, lors d’un match hors concours de la Ligue de hockey de l’Ouest, contre les Giants de Vancouver.
Ne demandez pas à Price s’il se souvient de beaucoup de détails.
« Je me souviens que c’était contre les Giants de Vancouver, que je devais avoir 15 ans », commente Price. « Je ne me rappelle pas si nous avons gagné ou perdu, mais je crois que j’ai joué la première moitié et elle la deuxième. »
Price, alors âgé de 15 ans, représentait le gardien d’avenir des Americans, le septième choix au total du repêchage bantam de la WHL de ce printemps, qui participait à un premier camp d’entraînement pour goûter au hockey junior majeur.
« Je ne savais pas vraiment qui il était à l’époque », confie Szabados à propos de ses premières impressions de Price. « Je savais qu’il avait été leur choix de premier tour et le joueur sur qui l’équipe comptait pour son futur. Il était calme et très bon. »
Szabados, 16 ans, avait mérité son invitation en raison d’une grande performance au Tournoi annuel midget Mac’s à Calgary, où elle avait attiré l’attention du directeur général de Tri-City, Bob Tory.
C’est Price qui avait obtenu le départ contre les Giants, mais l’athlète d’Anahim Lake, C.-B., n’a pas très bien paru.
Avec une avance de 2-0 avant la sixième minute de la première période, Price a permis à Vancouver de créer l’égalité avant le premier entracte et a accordé deux autres buts au deuxième tiers, avant de céder sa place à Szabados à 9 min 30 s de la période médiane, ayant alloué quatre buts sur 21 tirs.
Les Giants ont accueilli durement Szabados, marquant sur une échappée en désavantage numérique, au premier tir dirigé vers elle. Vancouver a alors pris les commandes 5-2.
« Je pense que j’étais jeune et que tout est arrivé si rapidement », analyse Szabados. « Je me souviens que Carey a amorcé la rencontre, que j’ai pris la relève et je suis pas mal sûre que j’ai flanché sur le premier tir, sur une échappée, puis j’ai tenu le fort pendant le reste du match et une prolongation a été nécessaire. »
Après avoir vu Szabados s’installer dans le match et les Americans effectuer une remontée en fin de troisième période avec deux filets en 3 min 18 s pour remettre les pendules à l’heure, le joueur d’avant de Vancouver Robin Kovar a scellé l’issue du match à 2 min 17 s de la prolongation.
Cette partie n’a certainement pas été une affaire de gardiens de but. Les Giants et les Americans ont obtenu un total combiné de 11 buts et 84 minutes de punition, ce qui a laissé place à 22 jeux de puissance, dont un en prolongation, qui a mené au but gagnant de Kovar.
Szabados a terminé la rencontre avec 20 arrêts sur 22 tirs et aime encore rappeler que sa performance a été meilleure sur le plan des statistiques que celle de Price, qui a immédiatement su « qu’elle pouvait jouer ».
« Je me souviens qu’elle a démontré beaucoup de confiance. Ses habiletés ont parlé d’elles-mêmes. Elle était, et elle est toujours, une très bonne gardienne de but et n’était vraiment pas moins talentueuse que n’importe qui d’autre au camp. »
Cependant, la compétition était forte devant le filet de Tri-City à l’aube de la saison 2002-03, et avec le futur choix de l’Avalanche du Colorado, Tyler Weiman, qui s’était fermement établi comme le gardien partant, Price et Szabados ont alors pris un chemin différent, même si Szabados avait encore rendez-vous avec l’histoire.
Alors que Price devait retourner dans le midget AAA dans le nord de la Colombie-Britannique, Szabados a pris part à une partie de la saison régulière de Tri-City le 22 septembre, encore une fois contre Vancouver, jouant 50 secondes en relève à Weiman, pour devenir la première femme à jouer dans la WHL. Encore aujourd’hui, elle est la seule à l’avoir fait.
Avec cette expérience dans le junior majeur, la femme d’Edmonton est retournée en Alberta. Elle a joué 213 matchs en quatre saisons dans la Ligue de hockey junior de l’Alberta, remportant le titre de Meilleur gardien de but de l’AJHL, après sa dernière saison, en 2006-07.
Elle a aussi joué cinq ans dans l’Alberta Colleges Athletic Conference, ayant gagné le championnat de l’ACAC avec la Northern Alberta Institute of Technology le printemps dernier.
Et il ne faudrait surtout pas oublier ses deux médailles d’or olympiques, celle gagnée à Sotchi jeudi et celle de Vancouver 2010. Elle a aussi aidé le Canada à remporter les grands honneurs au championnat mondial en 2012.
Szabados a affirmé que son expérience au camp de Tri-City en 2002 a représenté une grande étape pour elle, non seulement à titre de gardienne de but.
« Je retiens surtout ce moment pour son impact sur mon développement en tant que personne », avoue-t-elle. « C’était la première fois que j’étais loin de la maison, à 16 ans. Je crois qu’il s’agissait d’une belle organisation pour moi. Le plus important a été de me sortir de ma zone de confort, sur la glace comme en dehors. »
Price a joué une autre campagne dans le hockey midget en 2002-03 avant de se joindre aux Americans à temps plein. En 2004-05, il a été le gardien no 1 de l’équipe et au repêchage 2005 de la LNH, les Canadiens de Montréal l’ont sélectionné au cinquième rang au total. De plus, il a mené le Canada à la médaille d’or au Championnat mondial junior 2007 de l’IIHF, étant élu Joueur par excellence et Meilleur gardien de but de la compétition.
Aujourd’hui, presque 12 ans plus tard, les chemins de Price et Szabados se croisent à nouveau, cette fois à Sotchi, à 9 600 kilomètres du Ladner Leisure Centre.
Les cerbères gardent contact par l’entremise des médias sociaux et ne ratent pas une occasion de blaguer ensemble lorsqu’ils se retrouvent dans un même événement, incluant au village olympique
Ne vous attendez pas à ce qu’ils jasent de hockey.
« Chaque fois que je le croise, il me dit "Allo, comment ça va ?", puis nous parlons de la vie en général », explique Szabados. « Nous ne parlons pas vraiment d’un match ou de comment moi ou lui nous jouons. »
« Elle a connu beaucoup de succès », ajoute Price. « Je ne pense pas que je peux lui apprendre beaucoup de choses sur le travail d’un gardien de but qu’elle ne connaît pas déjà. »
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Jeremy Knight
Responsable, communications organisationnelles
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