Adam Kingsmill connaît déjà les regards qu’on lui jette. Ce gardien de but âgé de 15 ans de Smithers, en Colombie-Britannique, est habitué de voir des yeux perplexes qui le scrutent du côté opposé de la patinoire avant la mise au jeu initiale.
« Quand je fais mon échauffement avant un match, [l’autre équipe] me regarde d’un œil incrédule, l’air de se demander si je m’apprête vraiment à jouer, si c’est sérieux. Les joueurs adverses n’arrivent pas à y croire. »
Après soixante minutes passées à multiplier les arrêts, Kingsmill a généralement fait taire les doutes.
« [Je revois des joueurs] quelques semaines plus tard et ils me disent que c’est incroyable ce que j’arrive à faire, que je suis un excellent gardien. »
À l’âge de deux ans, Kingsmill a perdu sa jambe droite sous le genou après avoir été fauché par une tondeuse à gazon. Il a passé six semaines au Manoir Ronald McDonald de la Colombie-Britannique, à Vancouver, plus de 1 150 km au sud de Smithers. Lorsque sa famille et lui étaient prêts à rentrer à la maison, Kingsmill avait désormais une jambe artificielle.
« J’avais de la difficulté à marcher », dit-il. « Je ne voulais pas vraiment me servir de ma prothèse et mes parents commençaient à se décourager. Mais quand je me suis enfin mis à marcher, plus rien ne pouvait m’arrêter. »
Peu après, il enfilait des patins. Habillé chaudement pour affronter l’hiver qui battait son plein au cœur de la Colombie-Britannique, il a appris à patiner sur l’étang gelé dans sa cour arrière. Il a commencé à jouer au hockey dans un programme d’initiation, a eu un essai comme gardien au niveau novice et a adopté cette position pour de bon au niveau atome.
« J’ai tout de suite été conquis », avoue Kingsmill. « Un gardien se dresse seul devant le filet, c’est un aspect que j’aime de cette position, le fait d’être la dernière arme de défense. Je ne sais pas pourquoi exactement, peut-être est-ce d’avoir à faire de gros arrêts, mais, peu importe, j’adore ça. »
Kingsmill n’a eu que très peu d’ajustements à faire pour devenir gardien.
« Je me sens tout à fait normal sur la glace, même si parfois ce serait bien de pouvoir plier ma cheville », dit-il. « Il y a certains moments où j’ai un peu de mal à couvrir mon poteau, mais j’y travaille et je m’améliore à chaque présence sur la glace. »
Après avoir été retranché à sa première année pee-wee, Kingsmill a été sélectionné au sein de l’équipe double lettre dans le hockey mineur de Smithers lors des trois dernières saisons. Il porte même le logo du Storm sur sa prothèse.
Il a lancé sa saison 2015-2016 tôt en se joignant à 120 autres espoirs de niveau midget au camp d’évaluation de trois jours des Cougars de Caribou au début d’août. Kingsmill a été retranché, mais cette fin de semaine lui a permis d’accroître son enthousiasme pour la saison à venir.
« [L’entraîneur] voulait qu’on garde contact tout au long de la saison, parce que j’étais aux prises avec une blessure à un genou », affirme Kingsmill, qui a dû être opéré quelques semaines plus tard. « Il souhaite me revoir l’année prochaine. »
Kingsmill se présentera au camp de l’équipe midget double lettre du Storm en septembre. Déjà stimulé par les encouragements de l’entraîneur des Cougars, il sera d’autant plus motivé à tenter de nouveau sa chance de faire partie des Cougars l’an prochain. L’équipe, qui évolue dans la Ligue midget majeur de la Colombie-Britannique, sera l’hôte de la Coupe TELUS 2017, le championnat national midget du Canada.
Kingsmill sait bien comment faire preuve de persévérance et rebondir. Trois années plus tôt, il a subi une rupture de la rate - « pour une deuxième fois », précise-t-il – et du pancréas dans un accident lors d’une course de motocross. Les docteurs lui ont dit qu’il ne pratiquerait plus jamais de sport de contact. « Mais je ne voulais pas vraiment les croire, alors je les ai ni plus ni moins ignorés, j’ai recommencé à jouer et j’ai réussi à me joindre à l’équipe double lettre le mois suivant. »
Kingsmill, qui joue à la balle rapide l’été, a récemment abandonné le motocross pour se concentrer sur le hockey. Le gardien a de grands projets qui vont bien au-delà de sa dixième année.
« Tous les enfants rêvent de jouer dans la LNH », affirme-t-il. « Honnêtement, c’est ce que je souhaite moi aussi, mais au final, j’aimerais être un entraîneur ou un soigneur. » Par le passé, il a travaillé avec des gardiens à l’académie de hockey locale pour les élèves de niveau primaire et secondaire. « Je comprends de mieux en mieux l’entraînement et je commence à en apprendre plus sur le corps humain. J’aimerais vraiment travailler dans ces domaines. J’adore le hockey. Je veux être un entraîneur. Je veux être un joueur. Je veux être sur la glace. »
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Jeremy Knight
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