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Une rencontre au paradis du hockey

Leur amour mutuel pour le hockey les a réunis; aujourd’hui, Billy Bridges et Sami Jo Small s’efforcent de se rendre meilleurs l’un et l’autre, sur la glace comme en dehors

Wendy Graves
|
4 mars 2014
|

Le tir frappé de Billy Bridges a été mesuré à 129 km/h – un tir frappé d’une seule main.

C’est beaucoup d’énergie à affronter pour une gardienne de but.

Mais pour Sami Jo Small, mettre ses jambières pour aider son mari à s’entraîner n’est qu’un des moyens choisis pour l’appuyer dans son parcours vers Sotchi.

Bridges, cet expérimenté joueur d’avant de l’équipe nationale sur luge du Canada, admet qu’il était enthousiasmé la première fois que Small – participante olympique à trois reprises – l’a invité à un de ses exercices de gardienne de but. « Je sentais que je maîtrisais bien mes tirs et me sentais assez confiant », se souvient Bridges, qui participe à ses quatrièmes Jeux paralympiques. « Une heure et demie plus tard, je n’avais pas encore fait entrer une seule rondelle dans le filet. »

En peu de temps, Small s’est présentée aux entraînements de Bridges, agissant comme gardienne debout pour lui et ses coéquipiers. Puis, dans ses préparatifs pour Vancouver en 2010, Bridges a rapporté à la maison une luge de débutant. Soudainement, Small s’est assise, avec la tête au centre du filet. « Ces gars-là sont si bons, je me sentais un peu comme un cône, » lance-t-elle en riant. « Je ne peux pas m’asseoir de face — ils préfèrent que je m’assoie de côté comme le fait Steve Cash, le gardien américain. Je crois qu’ils travaillent davantage sur le positionnement. »

Le couple s’est rencontré pour la première fois en 2006, lorsque l’équipe nationale féminine et l’équipe nationale sur luge ont toutes deux été honorées à une cérémonie de remise de leurs médailles d’or olympiques à Turin. Leurs parcours se croiseront à nouveau l’année suivante au Championnat mondial de hockey sur glace féminin de l’IIHF à Winnipeg. L’équipe sur luge était sur place pour présenter une démonstration de son savoir-faire entre les périodes du match final, et Cherie Piper, une amie de Small, l’a présentée à Bridges.

Peu de temps après, elle l’a invité à un événement de Right to Play. Leur première fréquentation a été de regarder un match des séries éliminatoires de la Coupe Stanley au restaurant. Lorsque Small est venue voir jouer Bridges pour la première fois – au Championnat mondial de hockey sur luge 2008 du CIP – il admet avoir été un peu plus tendu qu’à l’habitude. « Je me sentais si nerveux de jouer devant une athlète aussi incroyable, qui était de plus ma copine, » avoue-t-il en riant.

La passion qui animait le jeu de Bridges d’alors est encore bien palpable chaque fois qu’il retourne sur la patinoire. Et c’est ce que Small aime le plus de lui. « On voit tout de suite qu’il aime être sur la glace, qu’il a vraiment la pratique de ce sport dans le sang et qu’il aime faire partie de l’équipe », affirme-t-elle. « Je vois bien ce large sourire qu’il arbore après que lui ou un des ses coéquipiers ont inscrit un but important. »

Small, qui évolue au sein des Furies de Toronto de la LCHF, avance modestement qu’elle ne discute pas de stratégie avec son époux. « Je suis évidemment biaisée, mais Billy est un des meilleurs joueurs du monde. Je ne lui dirai rien concernant son jeu qui influencera sa façon de jouer », préférant mettre l’accent sur les aspects intangibles. 

« Je crois que ma façon de l’aider est de l’encourager à être le meilleur coéquipier possible. C’est probablement l’un de nos principaux sujets de conversation lorsque nous partageons un repas. »

Bridges insiste toutefois pour reconnaître l’apport de son épouse, précisant à quel point elle l’appuie tant dans sa stratégie de tirs et de placement de la rondelle que sur le côté psychologique du jeu.

« Le meilleur conseil qu’elle m’a donné a été de m’efforcer à être toujours un peu meilleur aujourd’hui que je ne l’ai été hier », indique-t-il. « Elle m’a aussi dit ne pas penser au résultat global d’une saison, mais plutôt de diviser le calendrier en réalisations d’un but à la fois, au jour le jour et à la semaine. »

Depuis que le couple est ensemble, Small a vu Bridges vivre les hauts et les bas du sport. Elle l’a vu remporter l’or aux Championnats mondiaux de 2008 et de 2013, mais, elle était aussi dans les gradins lors de l’obtention de leur décevante quatrième place aux Jeux paralympiques de Vancouver.

« Être témoin de la déception de son amoureux est vraiment difficile », confie-t-elle. « Je crois que le fait que je suis aussi passée par de tels moments est ce qui nous a le plus aidés à surmonter cette épreuve. Le fait de simplement savoir que j’ai vécu une telle situation fait en sorte que, s’il a le goût d’extérioriser ou d’échanger là-dessus, ou de garder ça pour lui, il sait que je suis là, peu importe son choix. »

Ayant eu elle-même à affronter une déception majeure quatre ans plus tôt – n’ayant pas reçu de médaille en tant que troisième gardienne à Turin – elle a pu aider Bridges à apprendre que le temps joue en notre faveur. « Ça m’a pris pas mal de temps pour surmonter cela, pour réaliser que je faisais toujours partie de l’équipe et que j’avais encore à mon actif cette incroyable expérience et toute cette aventure, » admet-elle. Elle tenait à ce que son époux sache qu’il va de soi d’être déçu et d’exprimer sa déception. « Il ne faut pas toutefois qu’une telle épreuve affecte trop le quotidien; ce qui ne veut pas dire par contre de cacher ses émotions. »

Bridges admet qu’il n’a pas encore complètement fait le deuil de Vancouver, mais il sait que de ruminer ça ne mène à rien. « Sami m’a montré à me servir de cette épreuve comme d’un outil pour apprendre à devenir un meilleur athlète. »

Après les Jeux de 2010, le couple a fait place à un nouveau pensionnaire dans sa maison de Mississauga en Ontario, adoptant un chiot qu’il a appelé Sotchi, « Ça a été un bon moyen pour poursuivre notre route et regarder devant, » souligne Bridges.

Small travaille maintenant comme conférencière professionnelle, ce qui permet à Bridges de mettre l’accent sur son jeu et ses études (sa deuxième année en littérature anglaise à l’Université de Toronto), mais elle a mis son travaille en veilleuse, le temps d’accompagner son époux en Russie.

Bridges sera des plus compétitifs aux Jeux », lance Small, en ricanant. « Il frappera sur tout ce qui bouge. » Bien sûr, cette intensité s’estompe dès qu’il s’éloigne de la glace.

C’est une leçon qu’a enseignée Bridges à Small, celle qui admet son ultra-compétitivité, lors d’un voyage en kayak l’été dernier.

« Pour Billy, ce n’était qu’une extraordinaire journée à passer avec son épouse » fait remarquer Small. « Il me montrait des tortues et des poissons, et de mon côté je voulais toujours faire la course contre lui. Je pense que c’est là la différence entre nos personnalités, et je crois que c’est ce qui fait que nous nous entendons si bien ensemble. »

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