Danielle Dubé décrit sa carrière au hockey comme « bien équilibrée ».
Et elle n’a pas tort; la gardienne de but a tout fait, jouant pour l’équipe nationale féminine du Canada, au sein du Sport interuniversitaire canadien, et même dans les rangs professionnels avec des équipes masculines aux États-Unis.
Ce ne sont que l’ordre des antécédents paraissant à son curriculum vitae et les dates de ses réalisations qui sont quelque peu différents.
Différents? Voici un bon exemple – Dubé obtiendra son diplôme de l’Université de la Colombie-Britannique ce printemps, 13 ans après avoir joué son dernier match professionnel et 19 ans après être devenue la première joueuse de la Colombie-Britannique (et la seule à ce jour) à représenter le Canada au Championnat mondial féminin de l’IIHF.
La gardienne de but de 40 ans – qui est pompière à temps plein au Service des incendies de Richmond et mère d’un fils de 10 ans, Porter, et d’une fille de 8 ans, Camden – a certainement emprunté un chemin moins souvent parcouru.
Mais revenons au début. Dubé a fait ses premiers pas avec Équipe Canada au milieu des années 1990, remportant une médaille d’or au Championnat Pacific Rim 1995 et 1996, et à la Coupe des 4 nations 1996, avant de connaître son moment de gloire sur la scène internationale; elle a pris part à deux matchs, incluant une victoire par jeu blanc sur la Suisse lors du premier match du tournoi, pour aider le Canada à remporter son quatrième titre mondial consécutif à Kitchener, Ontario.
« Ils n’ont choisi les gardiennes que la semaine précédant le tournoi, alors ils ont invité les trois gardiennes de but à Kitchener ne sachant pas laquelle d’entre nous allait être renvoyée chez elle une semaine avant le Mondial », se souvient Dubé. « Cela a ajouté un peu de stress et de pression à ce moment-là, et je pense que d’avoir survécu à ça et d’avoir été choisie pour faire partie de l’équipe a été un grand moment pour moi. »
Dubé s’est taillé une place au sein de l’équipe centralisée en vue des Jeux de 1998 à Nagano au Japon, où le hockey féminin a fait ses débuts, et de nouveau avant les Olympiques de 2002 à Salt Lake City, Utah, mais elle n’a jamais eu l’occasion de jouer sur la plus grande scène du sport.
« En 1998, j’ai fracturé une clavicule ce qui fut une grande déception, » dit-elle. « Après ça, j’ai joué avec les pros et je ne suis même pas allée aux camps d’Équipe Canada pendant quelques années. Je voulais concentrer tous mes efforts pour jouer au niveau professionnel, puis en 2000, avant 2002, [Hockey Canada] m’a permis de revenir, d’assister à nouveau aux camps, d’être centralisée à nouveau, et je n’ai pas été choisie, une deuxième fois.
« De passer si près deux fois a été difficile, mais il y a tant de filles qui ne se rendent pas là. J’ai quatre médailles d’or avec Équipe Canada; il y a de quoi être fière. Je ne peux pas pencher la tête trop bas. »
Au total, Dubé a pris part à 17 matchs avec l’équipe nationale féminine du Canada de 1994 à 2002, accumulant une fiche de 12-1, une moyenne de buts contre de 1,58 et un pourcentage d’arrêts de 0,912.
Elle a joué chez les professionnels pendant une autre saison, avec les Ice Dogs de Long Beach en 2002-2003, avant d’accrocher ses patins vers la fin de 2003, même si, selon elle, sa dernière saison a été sa meilleure.
Pendant presque neuf ans, Dubé s’est concentrée sur sa nouvelle vie comme pompière et mère, allant patiner seulement quelques fois dans la région de Vancouver, avant qu’un appel de Melody Davidson, maintenant directrice générale des programmes de l’équipe nationale féminine, au début de 2012, ne chamboule complètement ses plans.
« Elle m’a téléphoné pour me demander de revenir et d’entraîner des gardiennes; elle voulait que les anciennes participent au programme, alors elle m’a demandé si je voulais agir comme entraîneure pour Équipe Canada », se souvient Dubé. « Je suis allée au camp des gardiennes du programme national à l’été de 2012, puis je suis allée en Finlande pour le camp de développement de l’IIHF. »
C’est en Finlande que Dubé a renoué avec deux de ses anciennes coéquipières – Danielle Goyette, entraîneure-chef de l’équipe de hockey féminin de l’Université de Calgary, et Hayley Wickenheiser, qui venait de terminer sa deuxième saison avec les Dinos.
Goyette savait que l’Université de la Colombie-Britannique (UBC) allait embaucher de nouveaux entraîneurs après une saison décevante, et elle a suggéré à Dubé de communiquer avec le nouvel entraîneur-chef Graham Thomas afin de lui offrir ses services comme entraîneure des gardiennes de but des Thunderbirds.
Wickenheiser a eu une autre suggestion.
« Elle m’a dit, à la blague, que je devrais plutôt jouer, car elle ne serait alors plus la plus vieille de la ligue puisque j’ai un an de plus qu’elle », dit Dubé. « Nous avons ri, car ce n’était pas sérieux, mais quand je suis revenue à Vancouver, j’ai communiqué avec Graham pour devenir entraîneure.
« Je l’ai rencontré et nous avons parlé, et au cours des cinq dernières minutes de notre entretien, lui et l’entraîneur adjoint ont suggéré que je devrais peut-être songer à jouer. J’ai ri, mais il a dit qu’ils pourraient faire en sorte que je puisse m’inscrire à l’école. »
Elle ne sait pas exactement ce qui l’a convaincue de faire le saut, mais Dubé s’est vite retrouvée inscrite en psychologie à UBC et sur la glace avec des joueuses deux fois plus jeunes qu’elle.
La présence d’une gardienne de but d’expérience devant le filet a instantanément entraîné un revirement sur la glace pour les Thunderbirds; UBC a amorcé et mis fin à la carrière universitaire de quatre ans de Dubé en remportant le championnat de l’ouest du Canada et en participant au championnat national du SIC – pas mal pour une équipe qui n’avait gagné qu’un match l’année précédant l’arrivée de Dubé.
« Je pense que tout le monde a commencé à croire que nous pouvions avoir un bon programme, puis au cours des trois dernières années, le programme a continué de grandir, » dit Dubé. « Il y a maintenant de jeunes filles partout au Canada qui veulent venir à UBC; ce n’est pas seulement une bonne maison d’enseignement, mais le hockey féminin est compétitif, et cette année, au championnat national, nous avons vraiment prouvé que nous étions ici pour rester. Nous avons subi quelques bosses et ecchymoses dans ce dernier match (une défaite de 8-0 aux mains de Montréal lors de la finale nationale), mais nous savons où nous devons être. »
Alors maintenant, pour une deuxième fois, Dubé est prête à accrocher ses patins. Avec son diplôme en main, elle veut maintenant entreprendre des études supérieures et faire carrière en counseling; idéalement, elle aimerait aider ses collègues pompiers atteints du syndrome de stress post-traumatique, un sujet dont on parle de plus en plus dans la profession.
Et bien sûr, elle pourra consacrer plus de temps à Porter et Camden.
« Cesser de jouer à ce moment-ci est parfait; ils sont maintenant à l’âge où ils veulent que maman soit plus présente; ils m’ont tellement appuyée, et je pense que ce fut agréable pour eux, mais aussi pour moi, de me voir comme joueuse de hockey, parce que c’était toute ma vie auparavant », explique Dubé. « J’ai eu des 15 minutes de gloire tout au long de ma carrière chez le junior avec les garçons, dans les rangs professionnels avec les gars et aussi ailleurs, alors joueuse de hockey était en quelque sorte mon identité et ils ne savaient pas vraiment ça. »
Dubé est très fière d’avoir été la première native de la Colombie-Britannique à avoir joué pour le Canada au Mondial féminin, mais elle n’a jamais pensé qu’elle serait encore la seule presque vingt ans plus tard.
Mais après avoir été aux premières loges à l’un des plus hauts niveaux de hockey féminin de sa province au cours des quatre dernières années à UBC, elle est presque certaine qu’elle ne sera plus la seule encore bien longtemps.
« Je sais qu’il existe beaucoup de talent », dit Dubé. « Le hockey féminin a pris un tel essor, et faisant maintenant partie du SIC, je le sais, je vois les jeunes filles qui viennent de la Colombie-Britannique, les matchs hors concours que nous jouons, il y a tellement de talent. C’est surprenant que ces filles ne soient pas choisies par l’équipe, mais ça s’en vient. »
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Jeremy Knight
Responsable, communications organisationnelles
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