erika grahm feature

De paralysée à olympienne

Après une maladie lui ayant flanqué la frousse et l’ayant laissée partiellement paralysée, Erika Grahm est reconnaissante d’être de retour au jeu et de pratiquer le sport qu’elle adore

Wendy Graves
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8 novembre 2014
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Erika Grahm n’a que 23 ans et elle a déjà écrit l’histoire de sa vie.

Deux jours avant que cette attaquante suédoise ne mette le pied sur la patinoire à la Coupe des 4 nations 2014, elle a signé l’ébauche finale de son livre From Paralyzed to an Olympian (De paralysée à olympienne), qui sortira en Suède le 1er décembre.

À l’été de 2011, Grahm était en vacances en Grèce avec son copain, et au cours d’une séance de jogging en après-midi elle a ressenti une douleur au dos et aux fessiers. Quelques jours plus tard, le picotement s’était propagé à ses mains.

De retour chez elle en Suède, Grahm a mis de côté cet inconfort en le considérant comme le relent d’une vieille blessure dorsale et elle est retournée à la patinoire.

Deux semaines plus tard – après avoir cessé ses séances d’entraînement –, elle peinait à marcher.

« Je me cachais la vérité », précise Grahm. « Je ne voulais en parler à personne, car le faire aurait été reconnaître la réalité. »

À ce moment-là, elle souffrait d’intenses maux de tête et d’épuisement la gardant au lit jusqu’à 22 heures par jour. Se déplacer où que ce soit représentait pour elle une séance d’entraînement en soi, puisqu’elle arrivait à peine à placer un pied devant l’autre dans tous ses déplacements. Elle avait aussi perdu toute sensation du côté droit de son visage.

Elle finit par vivre huit semaines de va-et-vient dans un petit hôpital du nord de la Suède, au cours desquelles elle a subi une série d’examens amenant les médecins à lui annoncer qu’elle souffrait de sclérose en plaques. Il n’a toutefois suffi que de trente minutes à un spécialiste d’un grand hôpital pour renverser ce diagnostic; Grahm a finalement pu mettre un nom sur ce qui avait abruptement mis un frein à sa vie : elle souffrait du syndrome de Guillain-Barré, une affection par laquelle le système immunitaire attaque les nerfs et mène à la paralysie.

Elle a passé une semaine à l’hôpital branchée à une intraveineuse. De retour à la maison, quatre autres semaines lui ont été nécessaires pour redevenir à elle-même.

« Après une telle épreuve, un nouveau voyage commence, » souligne Grahm, qui avait perdu presque sept kilos de masse musculaire. « J’étais un vrai gâchis, mais je n’avais qu’une idée en tête : je serai de retour. Le jour de ma sortie de l’hôpital, j’ai noté dans mon téléphone : voilà, c’est parti. Je serai de retour. »

Elle s’est entraînée quotidiennement avec un des entraîneurs de l’équipe nationale pour reprendre des forces. Avec des objectifs à court et à long terme à l’esprit, elle était déterminée à faire un retour sur la patinoire.

« J’étais jeune et je sentais que j’avais encore plusieurs années de carrière devant moi », souligne-t-elle, « mais les Olympiques de 2014 représentaient un but, parce qu’en 2010 j’avais été la dernière joueuse à être retranchée de la formation. »

Grahm a rechaussé ses patins après seulement quatre semaines de son congé de l’hôpital. Elle a pris la main de son copain et l’a laissé la guider autour de la patinoire.

« Ça me semblait étrange comme sensation, et je me sentais si lourde », dit-elle. « J’avais l’impression que mes patins étaient sous la glace. »

Il lui aura fallu quatre autres semaines avant de se sentir à l’aise.

« Je ressentais de la frustration de ne pas pouvoir y aller, mais dans ma tête j’étais toujours la même joueuse de hockey. »

Grahm a rejoint son équipe de club MODO Hockey au début de la saison 2013-2014, mais n’a pas joué dès le départ. Le nouvel entraîneur de l’équipe qui en était à ses débuts dans le hockey féminin n’avait jamais vu jouer Grahm, mais il avait entendu parler d’elle.

« Avant de tomber malade, j’étais capitaine de mon équipe », précise Grahm. « Et (mon entraîneur) m’a confirmé que j’allais l’être (à nouveau), ce qui représenter quelque chose de familier pour moi. »

Son plus important tour de force n’était pas de reprendre sa forme physique. Les complications, nous avoue Grahm, se situaient dans sa tête. Elle a rencontré un entraîneur en préparation mentale une fois par semaine.

« Il m’a aidée à comprendre que j’étais la même joueuse, même si dans mon corps je n’étais plus la même joueuse », confie-t-elle. « J’allais devoir faire preuve de patience. »

Grahm joue non seulement pour MODO, mais elle travaille aussi au bureau de l’équipe auprès des commanditaires. Une journée, voulant en apprendre davantage sur le hockey féminin, elle a envoyé un courriel à tous les clubs du district.

« Le hockey féminin est un petit monde en Suède », remarque-t-elle. « Nous ne sommes que 3 000 joueuses, donc toutes les filles jouent avec des garçons. Je l’ai fait jusqu’à 16 ans. »

Elle a mis sur pied Futur féminin de MODO, un projet qui regroupe jusqu’à 60 filles âgées de six à douze ans s’entraînant une fois par mois. Ses coéquipières se joignent à elle quand elles le peuvent. C’est une formidable occasion non seulement pour les jeunes filles de jouer en équipe, soutient-elle, mais aussi de rencontrer des femmes qui ont poursuivi vers le hockey compétitif à des niveaux plus élevés.

Grahm concourra elle-même contre les meilleures joueuses du monde cette semaine à la Coupe des 4 nations se tenant à Kamloops, C.-B. La joueuse que les partisans verront cette semaine sur la patinoire n’est pas différente physiquement de celle qu’ils ont pu observer à Terre-Neuve et Labrador en 2010, la dernière fois où l’événement s’est tenu au Canada. Mais la personne que nous rencontrons hors glace est très certainement différente.

« Je suis plus heureuse », lance-t-elle. « Je suis reconnaissante pour tout. Lors de ma maladie, j’étais dans un état où je me demandais : qu’est-ce qui m’arrive? Je suis tellement heureuse de pouvoir à nouveau vivre ma vie. »

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