Le parcours de Jamie Keeley comme entraîneuse au hockey mineur a commencé
comme celui de bien d’autres parents au Canada qui souhaitent accompagner
leur enfant dans le monde du hockey.
« C’est en voyant mon fils sur la glace que j’ai eu envie d’être là avec lui
pour qu’on vive ça ensemble et de l’aider à apprendre », se souvient la
principale intéressée.
C’était il y a presque six ans.
Aujourd’hui, Keeley est la lauréate nationale du
Prix des entraîneuses BFL CANADA dans le volet communautaire et la créatrice d’un florissant programme de
développement des entraîneuses au sein du Club de hockey des
Knights à Calgary.
« Il est important que les femmes réalisent qu’elles ont beaucoup à offrir
et que ce qu’elles ont à offrir est reconnu et apprécié », dit Keeley à
propos de la reconnaissance de BFL CANADA. « Et c’est la visée de ce prix,
il met en lumière le fait que nous en sommes capables. Nous y sommes
maintenant. Continuons à ouvrir la voie et à briser des plafonds de verre,
c’est merveilleux. »
Petite, Keeley a évolué à la ringuette et a aussi joué au hockey quand le
nombre de joueurs dans sa collectivité du nord de la Saskatchewan était
insuffisant pour compléter la formation de l’équipe masculine. Elle n’avait
jamais vraiment songé à devenir entraîneuse avant que son fils fasse ses
débuts au hockey avec les M7 Timbits, à l’automne 2018.
La saison suivante, elle n’a pas été sélectionnée pour entraîner chez les
M9. Elle est donc revenue à ses premières amours et a rejoint
l’Association de ringuette Bow View à titre d’entraîneuse adjointe et d’entraîneuse-chef chez les M10 et les
M12.
« J’ai beaucoup appris et j’ai gagné la confiance dont j’avais besoin pour
revenir au hockey et contribuer à changer les choses », dit-elle à propos de
ses trois saisons auprès de Bow View.
Keeley évoque souvent ce processus, elle qui a passé ces années à observer
d’autres personnes derrière le banc, à veiller à bien s’entourer, à bâtir
son réseau et ses appuis, à se doter d’outils et apprendre à entraîner dans
le volet compétitif.
Elle en retient surtout qu’on n’y arrive pas en faisant cavalier seul.
« Selon moi, ce qui détermine la réussite d’une personne en entraînement,
c’est sa capacité de s’entourer de personnes qui ont des habiletés dont
elle-même ne dispose pas encore. Je m’assure donc toujours d’avoir une
équipe bien équilibrée formée de personnes desquelles je peux apprendre et
qui peuvent compenser mes lacunes. »
À l’amorce de la saison de hockey 2022-2023, Keeley était prête à
s’impliquer auprès de l’équipe de son fils chez les M11.
Mais elle n’est pas revenue au hockey les mains vides. En plus des
compétences acquises avec Bow View, Keeley est arrivée en proposant un
programme de développement en entraînement destiné aux femmes.
« Le programme ne visait pas simplement à donner aux femmes les outils dont
elles ont besoin pour diriger une équipe. Il faut d’abord avoir confiance en
soi pour lever la main, proposer sa candidature et croire qu’on a quelque
chose à offrir. Le programme visait essentiellement à inciter les femmes à
se porter volontaires et à les aider à gagner la confiance de sauter sur la
glace.
« L’un des objectifs était de veiller à ce qu’il y ait des femmes dans des
rôles de premier plan pour garder les filles dans le sport, car c’est
important. On se doutait qu’en voyant des personnes du même sexe qu’elles
exercer leur leadership sur la glace, les filles voudraient peut-être rester
impliquées au hockey. »
L’association a sauté sur la proposition, et Keeley est allée de l’avant.
« J’ai commencé par organiser une première séance sur glace, et 12 femmes se
sont inscrites et sont venues. Il s’agissait avant tout de leur présenter le
programme.
« J’avais réservé la glace pour une heure et demie, mais je pense que nous y
avons été 20 minutes. Nous avons essentiellement discuté afin de savoir si
ça leur convenait vraiment et si elles avaient la confiance nécessaire pour
se lancer, de leur expliquer à quoi ça ressemblerait si elles étaient
sélectionnées pour être sur la glace avec leur enfant. C’était incroyable
d’entendre ces femmes parler de défis, d’obstacles et de barrières, et pour
moi qui lançais ce programme, d’être en mesure de leur offrir cet espace
pour discuter ouvertement et librement, ce qu’elles n’avaient nulle part
ailleurs. »
Ce qui devait initialement être une initiative locale s’adressant aux femmes
du programme des Knights s’est rapidement transformé en quelque chose de
beaucoup plus important, à la grande joie de Keeley.
Une formation a par la suite été créée avec l’aide de
Hockey Alberta – le premier stage Entraîneur 2 de la province réservé aux femmes.
« J’ai commencé par ouvrir les inscriptions au stage au groupe local qui
avait manifesté de l’intérêt, puis nous avons décidé de les étendre à toute
la province. C’est ainsi que, par un jour de novembre bien enneigé, 24
femmes venant de partout en Alberta se sont réunies dans une salle. Nous
avons suivi les quatre heures de cours, puis le lendemain, nous nous sommes
retrouvées pour sept autres heures.
« C’est là que le réseau s’est formé. Beaucoup d’entre nous avons gardé
contact. Nous échangeons des courriels, et lorsqu’un événement s’adresse aux
entraîneuses, nous veillons à relayer l’information et à y assister. »
Lors de cette première saison, on comptait neuf femmes derrière le banc des
Knights. En 2023-2024, ce nombre est passé à 14, soit 2 entraîneuses-chefs
et 12 adjointes.
Keeley a organisé une réunion de début de saison en septembre pour enseigner
aux entraîneuses à préparer un plan saisonnier et à élaborer des plans
d’entraînement. Par la suite, elle a fait le point régulièrement avec chaque
entraîneuse du programme en les aidant à surmonter les difficultés et en
veillant à ce que l’expérience leur soit bénéfique.
Elle travaille toujours en étroite collaboration avec
Hockey Calgary et participe à des occasions d’apprentissage continu réservées aux
entraîneuses, par exemple des séances de développement sur glace et hors
glace.
Mais son rôle le plus important demeure celui de mère, et peu de choses lui
procurent plus de joie que de participer au hockey avec son fils. Cette
saison, Keeley a dirigé l’équipe de niveau 4 des M13.
« Je lui demande toujours s’il veut que j’entraîne », dit-elle à propos de
son fils. « Je le faisais même pour mon implication comme entraîneuse sans
enfant à la ringuette, car ça me demandait du temps loin de lui. Je
m’assurais d’obtenir son accord.
« Quand j’étais avec l’équipe M12 AA, au printemps 2022, je devais souvent
m’absenter. Nous étions sur la glace cinq fois par semaine. Pour la première
fois, il m’a dit qu’il s’ennuyait de moi et m’a demandé d’être son
entraîneuse.
« Nous sommes en train de remplir notre dossier d’inscription pour la saison
à venir, qui sera sa deuxième année chez les M13. Quand il m’a demandé si
j’allais entraîner l’équipe, j’ai voulu savoir si lui avait envie que je
m’implique, et il m’a répondu que je pourrais diriger son équipe aussi
longtemps que je le voudrai. Donc oui, je vais de nouveau soumettre ma
candidature pour être entraîneuse. »
C’est une grande chance pour le fils et l’association que de bénéficier de
ce que Keeley a à offrir.
Mais elle-même vous dira bien humblement le contraire – que c’est elle qui a
de la chance et qui bénéficie de ce que les jeunes peuvent lui offrir.
« J’ai vécu des expériences extraordinaires sur la glace et ailleurs auprès
de ces équipes, et j’ai beaucoup appris. Il y a tant de choses que l’on peut
apprendre quand on s’arrête et qu’on tend l’oreille, c’est incroyable. Et
les jeunes nous font toujours sourire. »