Lors de notre première rencontre, je demande toujours aux membres d’une équipe de m’indiquer, en pourcentage, l’importance des habiletés mentales sur leur performance par rapport aux habiletés physiques. J’entends des personnes convaincues me crier « 50/50 », « 60/40 », « 70/30 », voire « 80/20 ».
Je leur demande ensuite si le temps consacré à exercer leurs habiletés mentales équivaut au temps alloué pour affiner leurs habiletés physiques. La réponse est toujours négative. C’est parce que la plupart des athlètes croient que l’exercice des habiletés mentales doit se faire en son propre temps, à l’extérieur des entraînements physiques. Il n’y a rien de plus faux.
En tant qu’entraîneurs, entraîneuses et parents, nous sommes particulièrement bien placés pour aider nos jeunes athlètes à exercer leurs habiletés mentales lors de chaque entraînement, match, temps d’arrêt et trajet de retour à la maison. Il n’est pas nécessaire d’avoir une connaissance approfondie en la matière pour faire un bon travail. Comme l’a dit Samuel Johnson : « Il faut rappeler souvent aux gens qu’ils ont besoin d’instruction ».
Que devriez-vous rappeler à vos jeunes athlètes? Voici trois idées simples pour favoriser un état d’esprit de croissance et de résilience.
Le dialogue interne
Les erreurs sont inévitables au hockey, et par défaut, le cerveau a un penchant négatif intrinsèque. Lorsqu’ils et elles commettent des erreurs, les jeunes athlètes ont souvent un discours négatif par rapport à leur propre personne, sans en comprendre les conséquences. Parfois, il s’agit simplement de se dénigrer publiquement pour montrer à son entraîneur ou entraîneuse et aux autres membres de l’équipe qu’on n’est pas satisfait de notre performance. D’autres fois, ce sont plutôt des frustrations qui remontent à la surface.
Nous ne pouvons pas demander aux athlètes de se mentir et de se dire « C’est bon, je vais réussir » ou « Ne t’inquiète pas, la prochaine présence ira mieux », parce qu’il se peut bien que ce ne soit pas le cas et qu’on échoue quand même. Mais les réprimandes qu’on s’adresse à soi-même ont autant de répercussions sur notre état mental que l’auraient celles d’un entraîneur ou d’une coéquipière.
Ce que nous pouvons demander aux jeunes de se répéter, ce sont des phrases constructives qui mettent l’accent sur des attributs qui ne sont pas liés à leurs habiletés physiques. On peut se dire : « Je suis une guerrière, je n’abandonnerai pas, quoi qu’il arrive », « Je suis un battant, je vais remonter la pente rapidement » ou « Je n’abandonnerai pas avant d’avoir trouvé une solution ». L’athlète s’identifie rapidement à ces qualités qui, contrairement aux jambes de plomb ou aux mains pleines de pouces, ne varient pas d’une journée à l’autre.
Techniques de concentration
Depuis que j’ai entendu LeBron James dire « sur le banc, je ne me repose pas, je récupère », j’enseigne aux athlètes à transformer leurs périodes de repos entre les présences sur la glace, ou même entre les répétitions d’exercices à l’entraînement, en une période de récupération. Je leur demande d’adopter, pendant cette période, une courte routine respiratoire qui agit en quelque sorte comme une réinitialisation mentale.
Le neuroscientifique Andrew Huberman préconise l’utilisation du soupir cyclique (deux courtes inspirations suivies d’une longue expiration) pour améliorer la récupération mentale. Je demande aux athlètes de faire quelques répétitions d’une technique comme celle-ci avant de penser à quoi que ce soit d’autre après un changement ou un exercice. Une fois le cerveau remis à zéro, on peut recommencer à visualiser ce qu’on doit faire pour réussir.
La pratique délibérée
Il n’y a pas d’amélioration sans échecs; surmonter l’échec aide les athlètes à devenir des personnes résilientes axées sur la croissance. La pratique délibérée est l’exécution contrôlée, mais non parfaite, d’une compétence. C’est le contraire du « pilote automatique ».
Les athlètes ont souvent besoin qu’on leur rappelle que la meilleure chose qu’on puisse faire, c’est de se pousser à l’échec, puis d’utiliser les leçons qu’on en tire pour faire un peu mieux la fois suivante. Lorsqu’on exécute un mouvement qu’on maîtrise déjà, rien ne s’imprime dans notre cerveau.
Selon l’auteur Mathew Syed, lorsque les athlètes dépassent leurs limites jusqu’à rater une tâche, il y a une microseconde de difficulté très riche en apprentissages. Un exercice sans échec est bien souvent un exercice sans amélioration.
À PROPOS DE L’AUTEUR : Membre certifié de l’Association canadienne de psychologie du sport (ACPS), Lucas Madill travaille comme conseiller en performance mentale auprès d’équipes du Programme d’excellence depuis 2017, notamment l’équipe nationale junior du Canada qui a remporté une médaille d’or en 2023. Originaire de Kirkland, au Québec, il est titulaire d’une maîtrise en psychologie du sport et d’un baccalauréat en éducation de l’Université du Nouveau-Brunswick (UNB), ainsi que d’un baccalauréat en kinésiologie de l’Université McGill. Il a joué au hockey à l’université à McGill et à l’UNB, se taillant une place dans les Étoiles académiques canadiennes aux deux établissements.
Pour plus d'informations : |
Jeremy Knight
Responsable, communications organisationnelles
Hockey Canada
(647) 251-9738