Le hockey fait partie de l’ADN de l’attaquante des Northern Selects Megan Smith. Ses deux grands-pères ont joué, tout comme son père, Bryan, qui est l’entraîneur de l’équipe de hockey féminin de l’Université St. Francis Xavier.
Megan savait qu’elle voulait poursuivre cette passion multigénérationnelle et a chaussé les patins pour la première fois alors qu’elle avait cinq ans.
« C’est un peu mon héritage, souligne la jeune femme qui a maintenant 18 ans. On jouait beaucoup au hockey dans la famille et mon frère adorait ce sport. »
Oliver, le frère cadet de Megan, assistait aux matchs de sa sœur, puis a à son tour commencé à jouer à l’âge de cinq ans.
« Il était vraiment fébrile dans les estrades; il voulait vraiment être sur la glace, se rappelle Megan. Dès qu’on lui a mis des patins aux pieds, on ne pouvait plus l’arrêter. Il débordait d’énergie! »
Pendant leur enfance à Antigonish, en Nouvelle-Écosse, Megan, Oliver et leur sœur aînée Emma étaient très proches.
« Nous étions tellement compétitifs. Nous jouions toujours au mini-hockey ou au basketball, ou encore pêchions et faisions de la randonnée et du camping. Nous étions vraiment proches. Alors quand Oliver est tombé malade, Emma et moi étions là pour lui. Nous ne pouvions plus être aussi actifs, mais nous compensions en jouant à des jeux vidéo et à des jeux de société et en regardant des films. »
Quand Oliver a commencé sa première année au niveau M11, son père a remarqué que quelque chose clochait lorsqu’il était sur la glace.
« Il n’était plus aussi rapide, précise Bryan. Avant, il patinait comme une fusée et était très agile, mais à l’automne, au moment des camps d’essai, il avait perdu en flexibilité et en agilité. »
Comme Oliver se plaignait de douleurs à la jambe et à l’aine, il a commencé des traitements de physiothérapie pour renforcer sa jambe. En plus de la douleur, il ne se sentait pas bien. Il a donc été voir un médecin en février 2017. C’est alors qu’on lui a diagnostiqué dans la hanche gauche un sarcome d’Ewing, un cancer rare qui attaque les os ou les tissus mous.
Puisque Oliver était limité dans sa mobilité et devait rester plus souvent à la maison pour suivre ses traitements, sa famille a tenté de lui trouver des activités pour passer le temps. Bryan, qui s’y connaît un peu en menuiserie, a pensé à fabriquer un robot avec du bois et des lacets de patins. Avec l’aide de sa famille, Oliver s’est mis à confectionner des robots, baptisés « OllieBot » pour les donner à des amis.
Mais c’est seulement lorsque Bruce MacPherson, le père de deux coéquipières de Megan, Bree et Mairead, a voulu acheter un OllieBot que la famille a compris que cette activité amusante pouvait devenir un excellent moyen de redonner à la communauté.
« Nous avons réalisé que nous pouvions les vendre, explique Bryan. Nous savions qu’il y avait peu de campagnes de financement pour le sarcome d’Ewing, un cancer très rare. En fait, il y a peu de collectes de fonds pour les cancers infantiles en général. Nous savions où l’argent devait aller. »
La famille Smith a donc commencé à vendre des OllieBots au public à la mi-novembre 2017. Le 23 décembre, 273 petits robots avaient trouvé preneur. Les profits des ventes sont versés à la Ewings Cancer Foundation of Canada et servent à venir en aide à d’autres familles néo-écossaises touchées par un cancer infantile.
« Chaque robot vient avec une petite étiquette, des autocollants personnalisables et des yeux qui bougent adhésifs, explique Megan. Il porte aussi un logo – un cœur dans la lettre O –, placé sur la hanche gauche, là où était le cancer d’Oliver. »
Plusieurs grands noms du hockey possèdent un OllieBot. Le capitaine des Penguins de Pittsburgh Sidney Crosby, qui vient de la Nouvelle-Écosse, en a un et en a signé un autre pour Oliver. La vedette des Maple Leafs de Toronto Mitch Marner en a un, tout comme Mike Babcock, Darryl Sittler, Ron MacLean, Don Cherry ainsi que Blayre Turnbull, Jill Saulnier et Troy Ryan de l’équipe nationale féminine du Canada.
Au fil du temps, le projet OllieBot s’est étendu à toute la communauté. Des écoles d’Antigonish préparaient des blocs de bois pour les Smith ou organisaient des « soirées OlliBot » au cours desquelles enseignants et élèves fabriquaient des robots. Les coéquipières de Megan avec les Selects ont également mis la main à la pâte en amassant du matériel.
« Je joue avec ces filles depuis que je suis toute petite, raconte Megan. Parfois, à la fin de la saison, les entraîneurs leur demandaient d’enlever leurs lacets pour nous les donner. Nous fabriquons des OllieBots avec les lacets de mes coéquipières! C’est quand même fou de voir des gens qui nous donnent une pièce d’équipement pour que nous puissions remettre de l’argent à la recherche contre le cancer. Je n’en reviens pas du soutien qu’on peut recevoir d’un groupe de 20 filles. »
Malheureusement, Oliver a perdu sa bataille contre la maladie en juin 2019, le lendemain de son 12e anniversaire. Comme elle l’a fait en apprenant le diagnostic d’Oliver, la communauté du hockey s’est alors ralliée autour de la famille Smith, continuant à lui offrir de l’amour et du soutien.
« Toutes mes coéquipières, celles que je côtoyais depuis le diagnostic de mon frère, étaient assises dans les premières rangées aux funérailles, souligne Megan. Mes entraîneurs étaient là, eux aussi. »
Lors du deuil d’un être cher, il y a de bonnes journées et des moins bonnes, mais Megan a fait preuve de résilience et de persévérance. Sa passion du hockey l’a aussi aidée au fil des ans.
« Le hockey est la seule chose qui ne m’apporte que du positif. Tout le monde m’accueille avec le sourire, me demande comment je vais et me parle d’Oliver en termes chaleureux. On me dit que mes parents, ma sœur et moi l’avons bien entouré et que nous devrions être fiers de poursuivre son héritage. »
Presque trois ans après le départ d’Oliver, la communauté du hockey de la Nouvelle-Écosse continue de lui rendre hommage. Megan porte maintenant le 2, le numéro de son frère, et les deux meilleurs amis d’Oliver portent le 2 et le 22 en son honneur. À l’arrière du casque des joueuses des Selects est apposé un autocollant : un O, un cœur et le numéro 2.
La famille Smith continue aussi à fabriquer des OllieBots, dont les profits des ventes sont remis à la Ewings Cancer Foundation of Canada. Oliver signait chaque robot avec un O et un cœur, et c’est maintenant Megan qui poursuit la tradition. Chaque joueuse des Selects a son propre OllieBot dans son casier. Il y en a même un assis sur l’enseigne de l’aréna local.
« Il est là depuis trois ans, affirme Megan. Il n’est pas collé et personne ne l’a pris. Tout le monde sait c’est quoi. C’est incroyable. »
En tout, la famille Smith a fabriqué plus de 4 500 OllieBots et a recueilli plus de 100 000 $.
« On ne veut plus jamais qu’un enfant vive ce que mon frère a vécu, poursuit Megan. Il y a un manque de financement et de recherche pour le cancer pédiatrique; c’est pourquoi il faut perpétuer l’héritage d’Oliver.
« Je crois qu’il serait très heureux de savoir que c’est ce que nous faisons et qu’il y a de l’espoir pour les autres enfants. »
Oliver disait toujours qu’il faut « être le plus travaillant ». C’est une devise que répétait la famille Smith pendant qu’Oliver était en vie et qu’elle continue de dire après sa mort. Megan et les Selects, avec leurs OllieBots dans leurs valises, tiennent à incarner cette devise sur la glace à Okotoks pendant la Coupe Esso.
« Chaque fois que je joue, j’essaie d’être la plus travaillante. Ça m’apporte une joie immense de le faire et d’honorer la mémoire de mon frère. Tout le monde connaît le mantra dans l’équipe et on y adhère à 100 %. Nous sommes les plus travaillantes à l’entraînement, à l’extérieur de la patinoire et pendant les matchs. C’est ancré en nous, et ça me touche beaucoup que mes coéquipières nous soutiennent, ma famille et moi.
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Jeremy Knight
Responsable, communications organisationnelles
Hockey Canada
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