La dévastation d’une tragédie. Le pouvoir de la communauté. L’esprit des Prairies.

Le 20 janvier, Damion Holstein se trouvait en voiture avec son père et sa petite amie en route vers son match avec l’équipe des M18 des Warriors de Langenburg lorsqu’ils ont été heurtés par un train à Churchbridge, une petite municipalité de la Saskatchewan située près de la frontière du Manitoba.

Par miracle, Damion et sa copine s’en sont sortis avec des blessures graves qui n’ont toutefois pas mis leur vie en danger.

« Honnêtement, je ne me souviens pas de grand-chose du moment de l’accident comme tel, mais tout ce qui l’a précédé et suivi, c’est gravé dans ma mémoire », évoque Damion, qui a subi des fractures aux côtes et une lacération de la rate l’ayant contraint de mettre fin à sa saison de hockey.

« Ma petite amie s’est déchiré un ligament dans un pied, et je crois un tendon dans l’autre, et elle a également subi une commotion cérébrale. »

Quant au père de Damion, David Holstein, il a été déclaré mort sur les lieux. L’homme de 41 ans était au volant au moment de l’accident.

« Il avait un bon sens de l’humour, dit Damion. Il faisait toujours sourire les gens. C’est grâce à lui que je me suis mis au hockey, car il adorait regarder les Kings de Los Angeles jouer, ça a toujours été son équipe préférée. »

Les Warriors, qui étaient encore au jeu lorsqu’ils ont eu vent de l’accident, ont décidé d’accrocher le chandail de Damion à leur banc pour le reste du match en signe de soutien, un geste pour lequel le jeune homme de 17 ans est extrêmement reconnaissant.

« Le soutien de mon équipe m’a vraiment fait chaud au cœur, raconte Damion. Je trouve ça extraordinaire que, même s’ils n’ont rien su vraiment avant la troisième période, ils aient quand même insisté pour mettre mon chandail en évidence pendant le match. »

Presque immédiatement après l’accident, les Warriors de Langenburg ont fait des démarches afin de faire quelque chose de plus pour Damion, son petit frère Riley et leur mère Kathleen Jenson.

« C’est le propre des petites communautés quand un événement triste survient », estime Wendy Maksymchuk, responsable de l’équipe des Warriors. « Tout le monde veut aider, peu importe si les gens sont au fait de tous les détails ou non, chacun met l’épaule à la roue, et c’est essentiellement ce qui s’est produit. »

Pour montrer leur appui, les Warriors ont décidé de déplacer leur dernier match à domicile de la saison régulière, prévu le 1er février, à Churchbridge, la ville natale de Damion qui se trouve à environ 10 minutes de Langenburg.

« Nous avons pensé qu’il s’agirait d’un geste qui serait apprécié, aussi modeste soit-il », raconte Maksymchuk.

De son côté, la communauté de Churchbridge cherchait également des façons d’afficher sa solidarité et a décidé de profiter du dernier match à domicile des Warriors pour organiser une collecte de fonds et une vente aux enchères par écrit, dont les recettes iraient à Damion et à sa famille.

« J’ai reçu un appel du directeur de l’école de Churchbridge qui m’a dit que la communauté locale voulait également faire quelque chose et se demandait s’il était possible de transformer le match de hockey en une collecte de fonds communautaire pour Damion et son frère Riley, se souvient Maksymchuk. J’étais tellement soulagée, parce que cette initiative venait encadrer les efforts d’entraide. Tant de gens voulaient contribuer, et nous avions désormais un plan. C’est à partir de là que tout a pris une ampleur inespérée. »

Entretemps, un entraîneur des Warriors avait contacté Darren Dreger, de TSN, pour voir s’il souhaitait donner son appui d’une quelconque façon. Dreger, qui a fréquenté l’école secondaire à Langenburg et qui a encore de la famille dans la communauté, a contacté les Pats de Regina et les Oilers d’Edmonton pour leur a fait part de la tragédie.

Les Pats ont répondu en offrant un chandail autographié de Connor Bedard, tandis que les Oilers ont envoyé un chandail autographié de Ryan Nugent-Hopkins.

« Ce sont les efforts de Darren Dreger qui ont donné l’élan pour que les choses se mettent à débouler, explique Maksymchuk. Ce chandail de Bedard, tandis que le Mondial junior venait d’avoir lieu, a créé l’effervescence dont l’événement avait besoin dès le départ, car il y avait très peu de temps entre sa création et sa tenue. »

Trois autres chandails autographiés – ceux de Tanner Jeannot (Predators de Nashville), Kevin Kaminski (Ice Wolves de La Ronge, dans la SJHL) et George Reed (Roughriders de la Saskatchewan) – ont également été offerts en don, en plus de 75 autres articles. Les organisateurs ont décidé de mettre les chandails aux enchères sur Facebook avant le match, non seulement pour recueillir des fonds, mais aussi pour mousser l’intérêt envers le match, tandis que les autres articles allaient être tirés au sort ou utilisés pour la vente aux enchères par écrit.

« Quand on a pu unir les efforts de tout le monde, tout s’est mis en place très rapidement, parce qu’il y avait tellement de gens qui voulaient aider », affirme Maksymchuk.

Chandails autographiés, dont ceux de Connor Bedard (Pats de Regina) et de Ryan Nugent-Hopkins (Oilers d’Edmonton), exposés au Kaminski Arena de Churchbridge, en Saskatchewan, le 1^er février 2023. 

Le 1er février, le match des Warriors contre les Broncs de Balcarres s’est déroulé devant une salle comble au Kaminski Arena de Churchbridge.

« Ces équipes n’avaient jamais joué devant des gradins remplis, et il y avait beaucoup de nervosité dans l’air, se souvient Maksymchuk. C’était plutôt mignon, en fait, et tout le monde a beaucoup aimé son expérience, mais on pouvait voir dès le début que les joueurs avaient les mains tremblantes. »

 « Ça m’a vraiment fait chaud au cœur de voir mes amis et ma famille se réunir pour organiser un match de bienfaisance pour nous, ajoute Riley. C’était un beau geste. »

Quand la vente aux enchères en ligne des chandails autographiés a pris fin sur Facebook au cours de la troisième période, elle avait permis d’amasser plus de 6 500 $. Le chandail de Bedard a atteint la somme impressionnante de 4 000 $, tandis que celui de Nugent-Hopkins a permis de récolter 1 600 $.

« On n’en revenait tout simplement pas », dit Maksymchuk.

« Ça m’a laissé complètement bouche bée, car je ne me serais jamais attendue à ça, renchérit Jenson. En plus de remplir l’aréna et de donner son soutien, la communauté m’a aussi sauvée. Je n’avais aucune idée de la façon dont je parviendrais à fonctionner dans les semaines et les mois à venir. Le père de Damion et Riley et moi étions séparés depuis 15 ans, mais je pouvais quand même compter sur lui, sur sa contribution en temps et en argent. Perdre tout ça a été très difficile, sans parler de l’épreuve vécue par mes enfants en raison du décès de leur père. »

Au total, environ 30 000 $ ont été récoltés grâce aux chandails autographiés ainsi qu’à la vente aux enchères par écrit, au tirage et aux dons. Tous les bénéfices ont été versés dans un fonds fiduciaire créé pour Damion et Riley.

« On ne s’attend pas à ce qu’une communauté en entier se mobilise de la sorte, avoue Jenson. C’était l’œuvre d’un ensemble de petits patelins qui ont uni leurs efforts. Il n’y a pas eu que Churchbridge ou Langenburg, mais des gens de partout dans les environs qui se sont manifestés pour nous soutenir. »

« C’était incroyable de voir la communauté se rassembler pour le match de bienfaisance et nous donner cette belle dose d’amour », complète Damion.