Ces personnes essentielles à une équipe de hockey travaillent de longues heures dans l’ombre, très loin des projecteurs. Elles sont méconnues du grand public. Mais aucun athlète qui saute sur la glace avec patins affilés aux pieds et bâton à la main ne vous dira que leur travail n’est pas apprécié. Que leur présence n’est pas réconfortante.
Serge LeBlanc fait partie de ces personnes qui veillent à ce que les porte-couleurs des équipes de hockey n’aient aucun autre souci que leur performance sur la glace. « Je sais, par exemple, pendant une partie, que je vais devoir changer des lames, parce qu’une joueuse est plus dure sur ses lames qu’une autre. Je pense que mon travail, c’est d’offrir un service personnalisé envers chaque joueuse. »
À titre de responsable de l’équipement, il est passé maître dans l’art d’organiser un vestiaire. Et l’expression « toute tâche connexe » n’a plus aucun secret pour lui. « Il y en a qui sont tellement simples. Marie-Philip Poulin, je lui aiguise ses patins tous les jours, c’est la seule chose qu’elle veut. Je lui coupe ses bâtons comme elle veut et c’est tout. »
Fier Acadien originaire de Sainte-Marie-de-Kent et résident du petit village voisin de Grande-Digue, au Nouveau-Brunswick, il roule sa bosse avec Équipe Canada depuis plus de vingt ans. Celui qui occupe le poste de préposé à l’équipement sportif de l’ Université de Moncton est toujours prêt à répondre à l’appel de Hockey Canada. Il a notamment participé deux fois aux Jeux olympiques d’hiver (2018 et 2022) avec l’équipe olympique féminine et deux fois au Championnat mondial junior de l’IIHF (2008 et 2011) avec l’équipe nationale junior.
Serge a passé 11 ans (et presque 1 000 matchs!) avec les Wildcats de Moncton de la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ). Au fil du temps, il a pris part à une foule d’événements de Hockey Canada et de la scène internationale avec des équipes de hockey masculin et de hockey féminin.
Depuis 2017, c’est avec les joueuses de l’équipe nationale féminine qu’il passe la majorité de son temps dans les arénas, autobus et aéroports du pays et de la planète. Bon vivant de nature, il a sa manière bien à lui de participer aux succès de la troupe de Troy Ryan.
« Serge, c’est vraiment une personne extraordinaire », s’exclame la gardienne de but Ann-Renée Desbiens. « Tu sais que peu importe à quelle heure tu vas arriver à l’aréna, il va être là. C’est le premier arrivé, dernier parti. Il est toujours content de nous voir et il veut toujours en faire plus pour veiller à ce que notre vie soit la plus facile possible. »
« Quand tu vois Serge, le sourire te vient aussitôt au visage », ajoute la vétérante joueuse d’avant, Brianne Jenner. « Il est comme l’oncle bien-aimé que tout le monde a dans sa famille. On peut compter sur lui et il est d’une agréable compagnie. Il s’entend tellement bien avec toutes les filles. Il fait partie de la gang. »
Un mentor apprécié et respecté
Serge n’est pas le seul à être aux petits soins avec les joueuses de l’équipe. Andrew Davis vient de passer une bonne partie de la saison avec lui, et les deux font équipe encore ces jours-ci au Championnat mondial féminin de l’IIHF à Brampton. Andrew l’a d’abord connu en décembre 2015, lorsque l’équipe nationale féminine des M18 a joué un match préparatoire à Concordia avant le Championnat mondial féminin des M18 2016 de l’IIHF.
« C’était la première fois que je rencontrais un membre du personnel de Hockey Canada », lance Andrew. « J’ai été tellement impressionné de voir comment il travaillait. »
La première participation officielle d’Andrew à un événement de Hockey Canada est survenue lors du camp estival de 2016 de l’ équipe nationale féminine des moins de 18 ans. Il a pu apprendre de Serge, qui agissait à titre de mentor auprès de quelques responsables de l’équipement avant une série contre les États-Unis.
« C’était vraiment l’expérience parfaite pour commencer, parce qu’il pouvait donner toute son attention pour nous montrer le standard de Hockey Canada, le plus élevé de l’industrie », note le natif de Hudson Heights, au Québec, une municipalité de la Montérégie.
Et comment s’y prend Serge pour bien encadrer la relève de son domaine?
« J’essaie d’enseigner ce qui m’aide pour garder une bonne efficacité et de répondre aux questions », commente Bayo, comme le surnomment affectueusement les gens de sa province. « Ce n’est pas que je me trouve meilleur qu’un autre, loin de ça, mais avec ma personnalité et la manière dont j’ai agi, j’ai pu apprendre une manière de fonctionner qui me rend efficace. »
Un bon confident
Si vous demandez à Andrew comment est Serge dans les coulisses, un sourire lui vient naturellement au visage.
« Dans n’importe quel aréna où on entrait [pendant la Série de la rivalité ], au Canada ou aux États-Unis, il voulait savoir les histoires du monde. Il aime ça créer des liens, autant avec les personnes à l’aréna, que les joueuses et les membres du personnel. Il est facile d’approche. Il a gagné à quasiment chaque niveau. Je ne l’entends presque jamais parler des victoires, c’est toujours du monde qu’il a rencontré sur son chemin. »
Même son de cloche du côté d’Ann-Renée. « Il connaît tout le monde! D’après moi, il n’y a personne qui ne connaît pas Serge. Il est très chaleureux, jovial et spontané. »
Les qualités de Serge sur le plan relationnel servent à tout le monde au sein de l’équipe, y compris l’entraîneur-chef Troy Ryan, qui consulte fréquemment ce vétéran des vestiaires pour orienter certaines décisions.
« On a fait notre premier événement ensemble en 2006 [au Défi mondial de hockey des moins de 17 ans], fait remarquer Serge. Ça fait assez longtemps qu’on se connaît, qu’il a ma confiance. Il peut me poser n’importe quelle question et je vais être franc avec lui. Par exemple, il peut m’interroger sur la personnalité des joueuses par rapport à si elles sont un bon fit avec l’équipe ou pas. »
Sacrifices, déception et rédemption
Grâce aux dernières conquêtes de l’équipe, les bons souvenirs ont été nombreux. Cependant, d’autres souvenirs ont été plus douloureux. Le sympathique Acadien n’est pas près d’oublier le sentiment qui l’habitait après l’annulation soudaine du championnat mondial en Nouvelle-Écosse, en raison de préoccupations liées à la COVID-19.
« Halifax, c’était chez nous! C’était dans ma backyard », lance Serge avec son plus bel accent chiac. « On nommait l’équipe le soir même. Tout d’un coup, on s’est fait convoquer au vestiaire numéro 10 du Metro Centre [le Scotiabank Centre] et aussitôt qu’ils nous ont dit ça, je savais exactement ce qui se passait. Le lendemain, tout le monde était parti. C’était un coup qui était vraiment dur à avaler. »
Serge était ébranlé, car il avait constaté tous les efforts déployés par ce groupe. Mais quelques mois plus tard, cette peine a été changée en euphorie quand il a été un témoin privilégié de la conquête de l’or au tournoi qui a été repris en plein été à Calgary.
« On a passé à travers de ça, on a gagné, et c’est comme si on avait tout oublié ce qui s’était passé. »
Son moment en or
Au fil de sa vaste expérience, au pays et dans le monde, Serge s’est forgé des souvenirs qui resteront avec lui pour la vie. Quand on le questionne sur son moment le plus important avec l’équipe nationale féminine, sa réponse est sans équivoque.
« C’est sûr que c’est Beijing [la conquête de la médaille d’or olympique avec l’équipe olympique féminine]. J’aurais pu me retirer à ce point-là et j’aurais été content de ma carrière du côté international. Donc, il n’y a pas de doute que de voir ces filles-là donner quatre ans avec la COVID et tout ça, la manière dont elles se sont comportées, entraînées et préparées, gagner ça a été définitivement le highlight de ma carrière. »
Mais il y en a aussi un autre qui mérite d’être mentionné.
« Un moment personnel marquant pour moi, c’est quand j’ai atteint le plateau des 100 parties avec Équipe Canada au mois de novembre 2021 en Finlande. C’était spécial de vivre ça aussi », ajoute-t-il fièrement.
Marquant pour lui, mais aussi pour les joueuses qui étaient là dans le vestiaire pour le féliciter lors de cette soirée spéciale peu de temps avant les Jeux de 2022 à Beijing.
« C’était un moment qui était très spécial, témoigne Ann-Renée. C’est une personne qui est très appréciée dans notre vestiaire, qu’on aime avoir dans l’entourage de l’équipe. Cent parties avec l’équipe canadienne, c’est vraiment impressionnant. Je suis certaine qu’il lui en reste plusieurs encore à faire. Chaque fois qu’on l’invite, il est là et il est tout le temps content. »
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Jeremy Knight
Responsable, communications organisationnelles
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