Au cours des 30 dernières années, l’Ontario est devenu en quelque sorte la mecque du hockey féminin. Depuis la tenue du premier championnat mondial féminin en 1987 (un événement non sanctionné), la province a été l’hôte de quatre Championnats mondiaux de hockey sur glace féminin de l’IIHF, de trois Coupes des 4 nations, de trois Championnats nationaux féminins des moins de 18 ans et d’une Coupe Esso.
Cette semaine, la province accueille enfin le Championnat mondial de hockey sur glace féminin des M18 de l’IIHF, à St. Catharines.
« La croissance du hockey féminin a réellement passé par les événements », affirme Fran Rider, présidente de l’Association de hockey féminin de l’Ontario (OWHA). « Même dans les années 1960 et 1970, le sport se développait grâce aux tournois, parce que de grandes distances nous séparaient, et ça nous donnait de belles occasions de nous réunir. »
Neuf ans auparavant, au premier Championnat mondial féminin des M18, seulement huit pays pouvaient faire jouer des équipes. Maintenant, tandis que cette semaine marque les débuts de la France au plus haut niveau de compétition, 22 équipes s’affrontent au sein de trois divisions réparties dans le monde.
Le développement et la promotion de ce sport ainsi que l’offre aux femmes d’une plateforme où le pratiquer à son plus haut niveau sont les objectifs qui motivent l’OWHA à présenter des soumissions pour tous les événements qui se présentent à elle, à organiser les meilleurs tournois possibles pour les joueuses et à léguer un héritage aux communautés hôtes.
« Ça fait maintenant un certain temps que nous travaillons à faire croître le hockey féminin à Huntsville et à Muskoka », soutient Kari Lambe, coprésidente du Championnat national féminin des moins de 18 ans 2015 qui vient tout juste de prendre fin. Par les années passées, dans ses efforts de recrutement, Lambe se tournait vers les écoles ou les parents pour susciter de l’intérêt. L’accueil du Championnat national des M18 était une façon de mettre le hockey féminin en vedette et d’attirer de nouvelles joueuses.
« Pendant l’événement, nous avons eu connaissance de beaucoup de familles qui venaient y assister, de pères qui disaient vouloir simplement que leurs jeunes filles découvrent ce sport, ce qui était exactement ce que nous désirions », révèle Lambe. « Nous souhaitions que les portes soient ouvertes, que les jeunes filles puissent voir les occasions qui s’offrent à elles, et non seulement à leurs frères. »
Lambe fait mention de nombreuses joueuses locales qui ont été contraintes d’aller à North Bay, à Toronto ou même à St. Catharines pour pratiquer le hockey féminin à un haut niveau. « Elles doivent quitter notre communauté pour profiter de ces occasions. Le plan de legs sous la gouverne de l’OWHA prévoit le développement du hockey féminin dans notre région pour que les joueuses ne soient pas obligées de partir. »
Selon Rider, pour les villes de Huntsville et de St. Catharines, la décision de présenter une soumission conjointe s’est prise naturellement, puisqu’il s’agit de deux communautés où l’OWHA souhaite accroître le bassin de joueuses. On espère ainsi que ces communautés s’ajoutent aux autres réussites – comme les Jeux d’hiver de l’Ontario de 1991 à Barrie, qui ont mené à la création de la Barrie Women’s Hockey Association – qu’a connues la province lorsque des joueuses potentielles assistent à un match en personne.
D’ailleurs, à quoi l’Ontario attribue-t-il l’énorme succès des événements dont il est l’hôte?
On ne peut passer sous silence la qualité de l’accueil ni la fierté nationale (et provinciale), mais l’excellence des joueuses trône sans aucun doute au sommet de ces raisons.
Cheryl Pounder, qui a joué au sein de l’équipe nationale féminine du Canada dans le cadre de trois événements tenus en Ontario, cite le Championnat mondial de hockey sur glace féminin 2000, qui s’est déroulé à Mississauga, sa ville de résidence, comme son tournoi préféré. Il fut un temps où elle pouvait regarder dans la foule et savoir exactement où se trouvaient les familles des joueuses – elles étaient pratiquement les seules à venir les encourager. Aujourd’hui, les noms de joueuses comme Natalie Spooner et Rebecca Johnston sont bien connus, et les partisans savent qu’ils auront droit à un spectacle.
Que ce soit derrière le banc de l’équipe novice B des Canadettes de Brampton, pour laquelle sa fille joue, ou à son poste dans le studio de diffusion de TSN, Pounder est une témoin privilégiée de l’évolution du sport.
« Nous disons toujours qu’après avoir goûté au hockey féminin, les partisans ne peuvent plus s’en passer. Et c’est ce qui se produit. »
Par ailleurs, la province a bénéficié de décisions qui n’étaient pas de son ressort, tant en ce qui a trait à la tenue d’événements qu’à la tenue des joueuses elles-mêmes.
Avant qu’un seul match du Championnat mondial de 1990 ne soit joué à Ottawa, tout le monde parlait du chandail rose de l’équipe du Canada. Pourtant, au moment où le Canada remportait la première médaille d’or, on parlait plutôt des accomplissements des joueuses portant ce chandail, et le vol plané de Geraldine Heaney devenait l’image qui imprégnerait les spectateurs du niveau d’habileté et de performance auquel ils pouvaient s’attendre du hockey féminin. « C’est peut-être le rose qui a attiré [les partisans], mais c’est le sport qui les a accrochés », conclut Rider.
Le Championnat mondial de 1997 à Kitchener a également marqué un tournant, selon elle. C’est à ce moment que l’IIHF a délégué son équipe de marketing pour la première fois. « Il s’agissait aussi du tournoi qui permettait aux équipes de se qualifier aux premiers Jeux olympiques d’hiver [présentant du hockey féminin], ce qui a accru d’autant plus l’intérêt. »
Ces événements connaissent autant de succès dans la province notamment grâce aux joueuses de talent locales qui font régulièrement partie de la formation canadienne. Au niveau des M18 seulement, la formation compte en moyenne neuf joueuses de l’Ontario chaque année – soit plus du tiers de son alignement. L’équipe de cette année en compte 11. Bon nombre d’entre elles nomment une de leurs prédecesseures de la province comme leur athlète féminine préférée – par exemple, pour Julia Edgar et Kristin O’Neill, il s’agit de Brianne Jenner; Saroya Tinker et Victoria Howran nomment Tara Watchorn, une défenseure, comme elles.
Il se peut que, parmi les filles dans les estrades à St. Catharines, certaines enfileront le chandail du Canada dans une dizaine d’années, motivées par le jeu d’une hockeyeuse locale qui représente son pays, comme le fera Annie Berg, de Beamsville.
« Les filles veulent encourager leurs héroïnes », soutient Pounder, qui a récemment amené son équipe de hockey féminin voir un match de la LCHF auquel participaient plusieurs anciennes de l’équipe des M18. « Il n’en fallait pas plus pour que mes joueuses m’envoient des photos d’affiches de Jamie Lee Rattray et d’autres vedettes de la ligue sur les murs de leur chambre. J’ai réalisé que ces filles étaient maintenant leurs modèles, et je trouve ça incroyable. »
« Nous voulons organiser [un événement] local et veiller à léguer un héritage local », déclare Bill Fenwick, président du Championnat mondial de hockey sur glace féminin des M18 2016 de l’IIHF, « mais [l’OWHA] adopte une perspective provinciale et nationale et cherche ainsi à faire la promotion du sport et à laisser un héritage au hockey féminin. »
Ces efforts se déploient d’abord à même la province. Selon Rider, les événements en Ontario sont l’affaire de tous, et l’on voit des joueuses qui viennent d’endroits comme Thunder Bay pour participer à des démonstrations pendant les entractes dans le cadre d’événements tenus dans le sud de la province. « On remarque un réel dévouement et un sentiment d’appartenance. Nous voulons que tout le monde dans la province et au pays participent à ces événements. »
Évidemment, voir des joueuses locales réussir et remporter l’or pour le Canada est une source de fierté, mais de plus grands objectifs sont fixés dès qu’un événement se présente sur le territoire.
« Nous mettons vraiment l’accent sur le développement du plein potentiel du hockey en Ontario, parce que c’est notre devoir et c’est notre façon de contribuer au sport à l’échelle nationale et internationale », estime Rider, qui est devenue, en 2015, la première personne intronisée au Temple de la renommée de l’IIHF précisément pour son apport au hockey féminin. « En ce sens, on ignore aussi les frontières. Pour nous, c’est une grande équipe de hockey féminin, et nous prenons part au développement de cette équipe. »
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Jeremy Knight
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